Page:Bulletin de la Commission départementale des monuments historiques du Pas-de-Calais, tome 6, 1935.djvu/179

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« Etant allé dire la messe à Saint Nazaire en 1760, comme il est de coutume pendant l’octave de ce Saint, je vis dans l’église une folle liée avec de larges corrois (courroies) qu’on présenta au chapelain du village, qui en surplis et en étole lui jetta de l’eau bénite, après avoir dit une oraison. M’étant rendu chez le curé, qui se nommoit Wavrent, en sortant de l’église, je lui demandai s’il avoit vu des guérisons de fou ou de folle depuis qu’il déservoit sa cure ; mais il ne me répondit pas. L’intercession des Saints est toujours louable dans toute circonstance, mais il se pourroit faire sans miracle qu’un fou rentra en lui-même par la seule impression que peut faire sur lui la cérémonie d’être présenté en public bien garotté, dans une église, devant un prêtre qui prie pour lui et lui jette de l’eau bénite. La demeure sédentaire dans une loge obscure peut produire le même effet ; mais ces raisons n’empêchèrent point qu’on ait démoli les loges et qu’on ait laissé aux frères Bons Fils[1] le soin de guérir les foux, et aux religieuses qui s’en mêlent celui de guérir les folles ».

Voici maintenant pour la visite traditionnelle des chanoines d’Arras à l’abbaye du Mont-St-Eloy, (p. 9) :

« On prétend que c’est en mémoire du premier miracle qui se fit à la découverte du corps de Saint Vindicien, que deux chanoines et deux chapelains, députés du Chapitre d’Arras, accompagnés des chanoines en stage, venoient tous les ans, le jour de l’octave de l’Ascension, avec une partie de la musique de la cathédrale, chanter la messe dans le chœur de l’abbaye de Saint Eloy, à l’honneur de Saint Vindicien. Les musiciens avoient à leur tête un enfant de chœur qu’ils nommoient le Roi ; ce prétendu Roy faisoit son entrée à cheval dans l’abbaye, se plaçoit à la droite de Monsieur l’abbé pendant la messe et y recevoit l’encens après lui ; il se mettoit aussi à droite de Monsieur l’abbé au réfectoire, etc. L’après-midi, après grâces, la musique exécutoit un motet dans le Chapitre, et l’assemblée se rendoit ensuite, au moins en partie, dans un endroit du bois situé vis-à-vis de l’abbaye, où l’on croit que furent trouvées les reliques de Saint Vindicien. La musique y chantoit à trois reprises : Ora pro nobis, Sancte Vindiciane, etc ; et un chapelain prêtre, nommé pour cela, chantoit l’oraison Da Quæsumus, etc. Tout le cortège partoit sur les quatre heures et demie, comme il étoit venu, les chanoines et les chapelains dans le carosse du Chapitre ou des fiacres et le reste dans un chariot, sur le devant duquel un homme portoit une bannière bleue, séparée par une bande jaune en pale (pal) ».

« En 1770, l’enfant de chœur, qui ci-devant entroit à cheval, l’épée au côté, chapeau à plumet, etc., vint dans son habit ordinaire avec un surplis propre, et jouit de toutes les prérogatives qu’il avoit avant. Monsieur l’évêque Louis de Conzié avoit jugé à propos de faire ce changement ; il avoit aussi fait savoir aux chanoines, chapelains députés, etc, que son intention étoit qu’ils allassent tous en soutane à cette cérémonie, au lieu qu’ils venoient en [habit] court et avec des habits bruns ou noirs, etc., les années précédentes ».

« Cet usage fut abrogé par délibération du Chapitre en 1777 »[2].

L’abbaye avait sous sa dépendance deux prieurés : Rebreuve et Aubigny, au sujet desquels Dom Wartel nous donne d’intéressants détails :

Le prieuré de Rebreuve fut fondé en 1097 (p. 23).


(2)

  1. A Saint-Venant.
  2. A. de Cardevacque, L’Abbaye du Mont Saint-Eloy, Arras, 1859, ne souffle mot de tout cela.