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voyage de m. lemaire dans l’androy.

de sagaye, mais à leur grand regret ils sont obligés de le laisser dans la brousse, car c’est un animal fady (taboué) pour les Antandroy. Un orage qui éclate tout à coup, trempe les voyageurs jusqu’aux os.

Avant d’arriver à Tanavontaka ou Ampelatelo, le sentier serpente à travers de petits vallons couverts d’arbustes et hérissés de nopals ; le terrain est sablonneux, jonché, çà et là, de quelques pierres. De là au hameau d’Imongy, il faut trente-cinq minutes de marche, tantôt vers le sud-est, et tantôt vers le sud-ouest, puis deux heures dix minutes pour gagner le village d’Afosifalo dont les principaux habitants portent des lambas, jadis bruns, aujourd’hui noirs de crasse, qui sont tressés avec de la filoselle provenant des cocons de papillons recueillis sur le tronc des arbres, dont les femmes indigènes forment des galettes brunes qu’elles filent.

Les guides de M. Lemaire, qui sont des chefs Antandroy, ne cessent de lui créer une foule de difficultés, autant par couardise que par mauvaise foi, et ils le mènent par de mauvais chemins à travers des taillis inextricables de nopals et d’arbres épineux.

D’Afosifalo, la route va à travers un pays sablonneux, vallonné du nord au sud et couvert de nopals, de famata ou euphorbiacées arborescentes (Euphorbia stenoclada), d’arbustes à feuilles de saule et à écorce blanchâtre, quelquefois de rares arbres à caoutchouc. Les roches calcaires dont le sol est jonché de fragments de toutes grosseurs se montrent plus fréquemment que dans l’est. Après trois heures vingt-cinq minutes, la caravane arriva sur le bord du Manambovo qui coule dans une très large vallée relativement boisée et dont le lit, qui est à sec, se déroule en un long ruban jaunâtre coupé, çà et là, par quelques flaques d’eau reliées entre elles par un petit filet d’eau et habitées par de nombreuses bandes de canards ; les berges de ce fleuve ont une hauteur de 3 mètres.

Descendant le lit du Manambovo, on arrive en une heure