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Page:Bulletin de la société des historiens du théâtre, année 3, n°1-2.djvu/12

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Les tracas des Échevins ne faisaient que commencer. Le Parlement rendit son arrêt le 25 novembre en cassant la sentence du 26 octobre, et en ordonnant une alternative égale entre la comédie et l’opéra le 29, Hébrard partait pour Paris, ann de se pourvoir de cet arrêt devant le Conseil (1). A Marseille, le public réagissait violemment, les Échevins étaient obligés d’interdire aux comédiens d’assister aux représentations de l’opéra, et aux chanteurs de l’opéra d’atter à celles de la comédie. Cette défense fut bien respectée par les derniers, mais les comédiens se montrèrent plus récalcitrants il y eut, le 27 novembre, une scène très violente racontée avec quelque inexactitude par Augustin Fabre (2) cet historien n’a pas connu le procès-verbal précis du capitaine de quartier François de Bonnecorse, de service au théâtre ce soir-là « Les spectateurs du parterre ayant apperçu deux comédiennes au balcon des deuxièmes loges malgré les défenses faites tout récemment, auraient crié tout d’une voix « A bas les comédiennes et le bruit ayant augmenté au point d’interrompre le spectacle, l’officier monta accompagné de sergens et de gardes jusqu’aux secondes loges, où étant entré dans celle qu’occupaient les nommées Geoffroy et Antonin, actrices de la comédie, leur enjoignit de se retirer en vertu des ordres de MM. les Échevins mais alors la nommée Pitrot, ci-devant comédienne, qui se trouvait à côté des actrices, eut l’impertinence de dire que MM. les Échevins étaient des sots de donner de pareils ordres sur quoi un garde de police ayant voulu lui représenter qu’elle parlait mal, elle lui aurait répondu qu’il était un faquin et qu’elle ferait casser. Mais le public protesta bruyamment contre ces insolences et l’officier était sur le point d’expulser la Pitrot, lorsqu’un homme lui donna la main et la fit descendre. »

Sur ce rapport les Échevins rendirent le surlendemain un décret de prise de corps contre la Pitrot mais celle-ci avait pris la fuite, et il fut impossible à l’huissier de l’appréhender. Huit jours après, on apprenait à l’Hôtel de Ville qu’elle s’était pourvue devant le Parlement et qu’un commissaire était chargé de prendre une procédure secrète sur son appel. L’homme qui l’avait protégée, nommé Perdigon, employé à la fourniture des vivres de l’armée d’Italie, se disait son mari, et c’est en qualité de femme légitime de cet individu qu’elle attaquait comme illégale la procédure de police faite contre elle. Les Échevins racontent tous ces (1) Arch. Mun. Marseille, BB 271, fol. 149 et BB 3) t. fol. 157. (2) A. Fabre, Les rues de Marseille, IH, p.307.