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Page:Bulletin de la société des historiens du théâtre, année 3, n°1-2.djvu/13

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faits au marquis de Mirepoix dans une longue lettre du 10 décembre on sent qu’ils redoutent les ennuis et même un peu de ridicule qui pourront rejaillir sur eux ils savent le Parlement prévenu en faveur des comédiens son récent arrêt l’a montré et ils demandent aide et protection (Cf. Annexe 5).

L’affaire n’eut probablement aucune suite, car la correspondance n’y fait plus d’allusion. Cependant la lutte entre les troupes rivales n’était pas achevée. H est probable que le public, attiré par les représentations de la scène lyrique, désertait la comédie, laissant les malheureux acteurs dans une situation difficile. Ils s’en ouvrirent au procureur général, Boyer d’Éguilles, grand amateur de théâtre (1), qui les décida à abandonner la salle et à la laisser entièrement libre pour l’opéra et les bals, moyennant indemnité. Le procureur général fait part de cette proposition aux Echevins le 24 décembre, et leur demande de s’entremettre auprès d’Hébrard pour la lui faire accepter. Mais ils n’aboutissent pas, malgré, disent-ils, toute l’insistance et même les menaces employées, le directeur s’étant retranché derrière l’impossibilité où il se trouvait de traiter sans le consentement de ses protecteurs (2). L’affaire fut définitivement arbitrée, sans doute au début de janvier, par le marquis de Mirepoix et M. de Mauriac les directeurs de l’opéra s’engageaient à payer 100 louis d’or aux comédiens, moyennant quoi ceux-ci leur abandonnaient la salle. Est-il besoin de dire que cette somme ne fut jamais versée ?

En février les comédiens s’en plaignent à M. de Mauriac, exposant la misère où ils se trouvent, sans argent, sans moyen d’en gagner, leurs habits engagés sans pouvoir les retirer. M. de Mauriac renvoie le mémoire à Marseille et invite les Échevins à mettre Hébrard en prison s’il n’a pas payé avant le premier jour du Carême. Les Échevins s’en seraient bien gardés 1 Ils apaisent le Commandant Hébrard n’a pas payé, mais il a pris des engagements tels que les comédiens en ont été contents (Cf. Annexe 6). L’Intendant aussi est satisfait « J’étais bien persuadé, Messieurs, que vous termineriez par votre sagesse le différend qu’il pouvait encore y avoir entre t’opéra et la comédie, et que vous prendriez les tempéraments les plus convenables pour (1) Boyer d’Éguille, qui devait être nommé président au Parlement en 1747, entreprit un peu plus tard de faire bâtir une salle de spectacle à Marseille ce projet ne réussit pas et son auteur fit banqueroute. II fut interdit en 1762.

(2) Arch. Mun. Marseille, GG 201.