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des représentations données soit par des troupes de passage, soit par des troupes fixées pour une ou deux saisons. L’installation de ces troupes provoquait généralement des conflits avec les comédiens, au sujet de l’usage de la salle de spectacle. En 1727, la troupe du sieur Lafond, titulaire du privilège de Francine, gendre de Lulli, ne put obtenir de jouer que sur l’ordre formel intimé aux comédiens par le duc de Villars de céder la salle qu’ils occupaient.

Ce sont des incidents de ce genre qui permettent de retrouver dans les archives publiques quelques données sur l’histoire du théâtre, mais les enseignements qu’on peut en tirer sont forcément incomplets et fragmentaires les troupes ne recevaient alors aucune subvention des vIHes les salles de spectacle appartenaient à des particuliers il n’existe donc pas dans les archives publiques de fonds du théâtre, comme au XIX~ siècle, permettant de suivre année par année, les noms des directeurs et la composition des troupes. A Marseille, les Échevins, lieutenants généraux de police, intervenaient dans les rapports entre acteurs et directeurs, ou entre troupes, dans les cas où leurs attributions leur en donnaient le droit mais ces conflits dépassaient quelquefois la compétence des Ëchevins et atteignaient les autorités supérieures, Intendants, Gouverneurs de la province, Commandants, Sénéchaussée et Parlement. C’est en fouillant à la fois dans les archives des villes et dans les fonds de ces administrations ou juridictions, que l’on peut arriver à reconstituer certains épisodes de la vie théâtrale en Provence. C’est ainsi que la venue à Marseille de la troupe de François Hébrard, de 1745 à 1747, puis en 1758, donna lieu à des incidents sur lesquels les archives renferment une documentation assez copieuse. François Hébrard, chef de troupe et surtout, semble-t-il, homme d’affaires peu scrupuleux, avait obtenu en )743, par la protection du duc de Richelieu et de l’Intendant de Guyenne, Tourny, le priviiège de Thuret, directeur de l’Académie Royale de Musique, pour représenter pendant six ans t’opéra à Bordeaux et dans les villes de Guyenne et Languedoc. L’acte, enregistré au Châtelet, fut passé par-devant Mes Marchand et Laideguière, notaires à Paris (Cf. Annexe 1). Le prix était fixé à 1.200 livres, payables par trimestre et d’avance. En 1745, l’exploitation, au dire d’Hébrard, ne donnant pas de bons résultats à Toulouse (1), il n’avait encore payé qu’une faible partie de son bail à (1) Archives de l’Opéra (aux Arch. Nat.), carton A, H. Cf. M. Fuchs, Vie théâtrale en Province au .XV/ siècle, I, p. 135.