Page:Bulletin de la société des historiens du théâtre, année 3, n°3-4.djvu/14

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j’avais l’honneur de connaître les principales maisons de cette ville, je m’informay des personnes qui avaient le plus d’acces auprès de ce seigneur, lorsqu’on me conseilla de voir M. de Moissac pour cella. M. de Moissac eut la bonté de me faire un accueil fort gracieux, mais il me préveint en me disant que Monsieur le Duc étoit résolu de ne pas permetre que mon opera mit le pied dans son gouvernement, et que même il l’avoit refusé à Monsieur le Maréchal de Thaumond qui l’avoit demandé très instament par une lettre qu’il avoit écrite en ma faveur depuis trois mois à M. le Duc et que l’ayant refusé à ce seigneur, il ne convenait pas qu’il me Facordat je répondis à cella, que M. te Maréchal de Thaumond avoit fait cette demande à mon inçu, mais que j’étois confus de ses bontés à tous égards et que j’étois assuré qu’il sçaurait très bon gré à Monsieur le Duc s’il m’accordait sa protection mais me dit Monsieur de Moissac que voulez-vous que Monsieur le Duc fasse de la Mercier, elle’ est munie d’un privilège autantique et d’ailleurs Monsieur te Duc a écrit à Paris, pour que le privilège de t’opéra ne vous fut pas livré à la bonne heure lui répondis-je. Monsieur cella est vrai on me l’a écrit mais quand Monsieur le Duc a donné son privilège à la Mercier s’est elle engagée à donner une bonne troupe ou une mauvaise, et Monsieur le Duc n’est-il pas instruit, que toute la ville de Marseille se plaint hautement de cette directrice enfin, Messieurs, je fus présenté à Monsieur le Duc après que toute la ville eut fait tous ses efforts pour langager à mettre favorable et ce ne fut que le 26 du courant étant à Aix depuis le 22.

La première parole que Monsieur le Duc me dit Hébrard on vous a dit que je n’aimois pas l’opéra, on a tort et quand vous serez à Marseille où je dois aller passer un mois, j’yray tous les jours à votre spectacle mais, au paravant, il faut acomoder la Mercier, elle a mon privilège et quoique il ne la protège point par son peu de mérite, je suis obligé de soutenir le privilège que je lui ay donné mais Monsieur quand je viens vous demender l’honneur de votre protection, ce n’est qu’après que toute la ville de Marseille m’a insisté et soiïicité dy conduire mon opéra, car sans cella je naurois pas fait une dépense aussy forte et ne me serois pas éloigné d’un spectacle qui ne sçauroit se passer de ma présence mais Hébrard acomodez-vous avec la Mercier allez à Marseille et m’écrivez l’arangement que vous avez pris, et je vous enveray tout de suite mon consentement tout l’acomodement que je puis faire Monseigneur est de lui faire accorder Montpellier pour le temps présent et Toulouse pour l’hiver prochain, c’est ce qu’elle m’a fait proposer par un négociant de Montpellier eh bien puisque cella est ainsy partez demain matin