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H y eut des marionnettes en Grèce, à Rome, et les marionnettes lyonnaises sont filles du napolitain Pulcinella. <t Mais, parmi les nombreux théâtres de poupées, à ga!ne ou à fils, qui existaient à Lyon au milieu du xvn~ siècle, il s’en trouva un que dirigeait un illettré de génie, Laurent Mourguet c’est à lui. qu’on doit la création du type spécifiquement lyonnais de Guignol. <t C’était un canut, né, selon certains, en 1768; mais une tradition de famille constante le fait naître bien plus tôt, en 1744. En 1788 ou 1793, il épousa Jeanne Esterle, fille d’un vigneron de Sainte-Foy. Tous deux connaissaient le répertoire du temps, et ils en pillaient sans gêne les canevas, comme Régnard et comme Molière. Mais, dans leurs jeux improvisés, ils mirent l’esprit et les mœurs du peuple lyonnais. L’original de Gnafron fut un ami de la maison, le père Thomas, qui avait plus de verve que de sobriété, et dont les « scènes dans la salle » mettaient les spectateurs en joie. Quant à Guignol, il fut créé à la ressemblance de Laurent Mourguet lui-même, mais à l’image aussi du canut en générât, insouciant, narquois, ami de la bonne chère, avec des colères soudaines mais sans durée.

<’ Le répertoire de Mourguet ne fut rédigé que longtemps après sa mort, d’après la tradition conservée par ses enfants. Cette rédaction fut faite d’abord pour soulager les opérateurs qui n’avaient pas tous le talent d’Improvisateur de l’ancêtre ensuite et surtout pour permettre à la censure de surveiller le théâtre de Guignol d’aussi près que les autres. Le premier recueil des pièces de Mourguet et de ses successeurs immédiat, c’est le recueil d’Onofrio parut en 1865.

« Pierre Rousset imagina de faire parler Guignol en vers comme un héros d’opéra ce fut l’origine des parodies. Au début, elles furent écrites, comme les autres pièces, en vieux parler lyonnais, tel qu’il s’était conservé parmi les canuts de la Croix Rousse. Certains voudraient aujourd’hui abandonner cette langue savoureuse, et ce serait probablement dommage.

La représentation comprenait une pièce du type classique Gna/ron Méffecm, couronnée dans un concours de marionnettes en 1914 et une amusante parodie de Rose-Marie, avec de charmants décors, d’une lumineuse et poétique fantaisie. Tous nos remerciements, pour cette charmante soirée, à la Société des Amis de Guignol et à M. NIchthauser, descendant actuel de Mourguet et directeur du théâtre du Quai SaintAntoine.