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NOTES ET DOCUMENTS

LE PREMIER OPÉRA A STRASBOURG

!) ne semble pas que les historiens de la musique en Alsace et à Strasbourg, dont, après Lobstein, qui écrivait en 1846, l’abbé Vogeleis (1911) est le mieux informé, aient découvert des traces de représentations d’opéra dans la capitale alsacienne avant les premières années du XVIIIe siècle.

Or, des extraits, reproduits ci-dessous, de lettres adressées à Cabert de Villermont par un de ses nombreux correspondants, nommé Collinet, il résulte que les bourgeois de Strasbourg pouvaient, dès 1700, applaudir successivement les acteurs d’une troupe française et les chanteurs d’une troupe lyrique. Ce furent, comme on l’apprend par ces lignes, malheureusement trop brèves, les troupes de Nancy et de Metz qui représentèrent les premiers opéras à Strasbourg. Albert Jacquot, dans La Musique en Lorraine (p. 129), ne signale pas d’opéra à Nancy ou à Lunéville avant le mois de mai 1700 or les textes suivants (Bib. Nat., Mss. fr. 22.808 et 22.809) prouvent que Nancy possédait avant cette date une troupe de chanteurs et danseurs « de plus de 90 acteurs qui vint débuter à Strasbourg le 20 avril 1700. H est vraisemblable que la création de l’opéra de Nancy fut une des premières préoccupations du duc Léopold lorsqu’il eut, par la paix de Riswyck, recouvré ses états, le 30 octobre 1697.

Une autre troupe d’opéra français, celle de Metz, vint encore, la même année 1700, à Strasbourg ou peut-être était-ce la même qui avait séjourné à Metz après ses premières représentations à Strasbourg ? Elle gagna ensuite Francfort, à i’époque de la foire de septembre. H serait intéressant de retrouver, tant pour Nancy que pour Metz et Strasbourg, la composition de ces troupes ambulantes d’opéra, qui parcouraient la région rhénane, l’Alsace et la Lorraine dès la fin du xvn~ siècle. Quant à leur répertoire, il est probable qu’il se composait principalement des œuvres de Lully et de ses tout premiers successeurs, et d’ouvrages de circonstance, composés par les musiciens du duc de Lorraine.

J.-J. PRODHOMME.