Page:Bulletin de la société géologique de France - 1re série - 1 - 1830-1831.djvu/113

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de certaines parties des Alpes ; par exemple, dans celles où il y a des lambeaux de grès vert sur le calcaire jurassique.

Dans la partie méridionale des Alpes où la série des dépôts secondaires est presque complète, et peu dérangée, et où il ne manque que le lias, il n’y a pas de doute sur l’âge de ces montagnes, mais une anomalie s’y présente déjà, savoir : leur position sur le sol primaire sans l’intermédiaire du sol de transition qui existe cependant à Bleiberg, si on peut se fier, toutefois, aux déterminations d’après les fossiles sur le versant nord des Alpes. La structure est presque totalement différente. Dans la partie occidentale, notre collègue, M. de Beaumont a démontré l’existence du lias au moyen des fossiles ; mais des plantes du terrain houiller s’y trouvent empâtées. Toutes les explications données jusqu’ici de ce fait, paraissent vagues, et insuffisantes, et elles, sont presque suffisantes pour détruire les idées sur la distribution régulière des végétaux fossiles dans les terrains.

De plus, M. de Beaumont ne craint pas de reconnaître, dans certains schistes crystallins, ou demi-crystallins, des assises jurassiques altérées ; le Saint-Gothard, cet antique colosse, présenterait des roches secondaires modifiées. Dans les Alpes allemandes, sur le sol ancien, çà et là coquillier, et par conséquent intermédiaire, l’on trouve un dépôt arénacé, qui paraîtrait, d’après sa liaison avec le calcaire alpin et les fossiles, appartenir, tout au plus, au Keuper ou au grès du Lias. Serait-il possible de s’expliquer, ici le manque total des terrains secondaires anciens, en supposant qu’avant le dépôt de ce grès bizarre avec ses calcaires et les gypses, il n’y avait pas de continent près de ces lieux, qu’il n’y a pas eu d’éruption porphyrique, de manière que le charriage ne pouvait y produire des roches arénacées, et que les êtres marins littoraux n’y habitèrent pas ; d’une autre part, sur le revers méridional, ces circonstances favorables pour la production des terrains secondaires anciens, à l’exception des terrains houillers, se sont trouvées réunies. Ce n’est que pendant l’époque du lias que des continens ont été mis à découvert par soulèvement près du bord actuel septentrional des Alpes, et alors les dépôts ont commencé à se former. Le calcaire alpin nous paraît jurassique, malgré ses anomalies, telles que ses gypses, son sel, ses grès nombreux, ses mélanges de genres réputés secondaires et intermédiaires (Bélemnites et orthocères). Les géologues les plus habitués à étudier la structure des Alpes, partagent cette opinion, tout en étant étonnés qu’à une petite distance de ces chaînes calcaires, l’on voie s’élever des montagnes jurassiques, exemptes de ces anomalies, et offrant les roches