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Page:Bulletin de la société géologique de France - 1re série - 2 - 1831-1832.djvu/247

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temple, coquilles reconnues pour être analogues à des espèces vivantes aujourd’hui sur le rivage voisin, a donné lieu, dans le sein de la Société, à un nouvel examen des causes de la perforation de ces colonnes.

Vous avez entendu à ce sujet les observations et les opinions de plusieurs membres ; un rapport devait même vous être fait, et il m’a semblé que ce pouvait être ici l’occasion de résumer les divers sentimens des géologues. Celui de vos membres qui devait vous présenter ce rapport, M. C. Prévost, ne terminera pas son voyage sans recueillir sur les lieux mêmes, dans le golfe de Naples, tous les faits propres à l’éclairer.

Je ne vous rappellerai qu’une partie des explications si opposées, plus ou moins susceptibles d’objections, et la plupart si peu vraisemblables, qui en ont été imaginées. On a dit que les colonnes avaient pu être retirées de la mer ainsi perforées avant d’être employées au temple (Spallanzani). On a dit encore (Raspe) qu’elles étaient peut-être percées même avant d’être taillées, et que le niveau des pholades sur les colonnes correspondait au niveau d’un banc percé par les coquilles lithophages, avant la retraite des eaux marines. Selon d’autres encore, après l’enfouissement du temple sous le tuf volcanique, il se serait formé autour une excavation qui devint un lac salé où les pholades auraient vécu, et qui même eût pu avoir une destination artificielle pour pêcherie, piscine ou autrement (Goëthe, Desmarets, Pini, de Jorio, Daubeny).

Mais les deux opinions les plus vraisemblables étaient celles de l’élévation et de l’abaissement successif ou de la mer ou du sol sur cette partie de la côte.

Il s’élevait contre la première, ou l’élévation de la Méditerranée à une vingtaine de pieds au-dessus de son niveau actuel, à une époque très rapprochée de nous, trop d’objections historiques et physiques pour qu’elle obtint généralement du crédit, quoique soutenue par Ferber et Breislack.

Restait donc la seconde, qui est en effet adoptée le plus généralement, quoique la plus ancienne, que MM. Forbes et Lyell ont le mieux développée et appuyée du plus grand nombre d’observations locales, positives (Forbes, Edimb., journ., oct. 1829. ─ Lyell, princ. of geol., I p. 449), et que M. Hoffman a aussi adoptée.

Cette explication, qui suppose la submersion et l’émersion de l’édifice par l’abaissement et le soulèvement alternatif du continent, réunit en sa faveur le plus de témoignages empruntés soit à l’histoire, soit à la géologie.