Page:Bulletin de la société géologique de France - 1re série - 2 - 1831-1832.djvu/38

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les plus rapprochés ; en conséquence nous préparâmes une planche de deux pieds de long, sur laquelle nous clouâmes une bande de drap bleu de six pouces de large et une autre de drap rouge de pareille largeur. Sur sa partie moyenne, peinte en blanc, j’écrivis en lettres de trois pouces de hauteur :

ILE JULIA

État-majour du brick La Flèche,

MM C. Prévost, professeur de géologie à Paris,

E. Joinville, peintre.

27, 28, et 29 septembre 1831.

Nous mîmes deux heures à traverser l’espace qui séparait le brick du volcan.

À un mille de distance, nous commençâmes à traverser des courans d’eau jaunâtre, dont je remplis quelques bouteilles et pris la température. Des courans de pareille couleur semblaient partir, comme des rayons, d’une zone semblable qui entourait l’ile. La sonde nous donna 40, 50 et 60 brasses dans les eaux, en approchant de l’île jusqu’à 200 pieds des bords. À un mille, on trouvait 100 brasses.

Abordés à une heure et demie, nous nous distribuâmes les rôles. MM. Aragon et Barlet, directeurs de l’expédition maritime, se chargèrent de mesurer la circonférence de l’île, qu’ils trouvèrent, être d’environ 700 mètres sur 70 de hauteur ; le docteur Baud fit toutes les expériences thermométriques. M. Defranlieu fit sonder dans le cratère et puiser de l’eau, dans les diverses profondeur et sur les différend bords. M. Joinville prit des dessins, parmi lesquels se trouve une vue de l’intérieur du cratère. Enfin, M, Derussat fit hisser le pavillon tricolore sur le point le plus élevé de l’ile et fixer l’écriteau que nous avions préparé ; non pas pour prendre possession, par une vaine et ridicule cérémonie, d’un tas de cendres surgi au milieu des mers, mais pour constater notre présence, et pour apprendre à ceux qui viendront après nous que la France ne laisse pas échapper l’occasion de montrer l’intérêt qu’elle prend aux questions scientifiques dont la solution peut étendre le domaine des connaissances positives.

Je me mis en devoir de parcourir tous les points de notre ilot pour rechercher surtout si, en quelqu’endroit des matières appartenant au fond de la mer, n’auraient pas été soulevées ou projetées. Après avoir gravi la plus haute cime au milieu des scories brûlantes, après avoir deux fois fait le tour entier des falaises,