Page:Bulletin de la société géologique de France - 1re série - 2 - 1831-1832.djvu/403

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opérer un tel vide sans l’accompagner de traits violens de torréfaction, apanage ordinaire des phénomènes volcaniques, je l’étais encore plus de la forme particulière du pourtour intérieur qui laisse à peine au bord de l’eau trois pieds de largeur, au bout desquels se présente immédiatement le gouffre en forme de cuve abrupte, cuve qui donne pour le lac de Pavin une profondeur de 300 à 302 pieds ; pour le gour de Tazenat, environ 200 pieds.

« Des circonstances particulières m’ayant amené, au commencement de 1789, à publier mon Essai sur la théorie des volcans d’Auvergne, mon attention, fixée sur ces deux cratères-lacs, dut, faute de points de comparaison suffisans, demeurer incomplète et indécise.

« En l’année 1813, ayant pu m’échapper un moment de la politique, je me hâtai de passer les Alpes pour aller chercher en Italie, sur ce point, objet continu de mes inquiétudes, les éclaircissemens qui m’étaient nécessaires ; je les trouvai avec abondance dans les lacs de Viterbe, dans ceux d’Albano, ainsi que dans les champs phlégréens. Là, comme en Auvergne, mêmes caractères : 1° orifice d’une dimension énorme en comparaison des cratères ordinaires ignés ; 2° absence sur leur pourtour, je ne dirai pas positivement de laves, mais de cette abondance de matières violemment torréfiées ; 3° absence de courans de lave.

« Cependant, convaincu depuis long-temps que la nature, qui présente souvent des opérations parfaites, a aussi quelquefois des ébauches, j’eus bientôt à reconnaître que, tout ainsi que parmi les cratères ordinaires ignés, il se trouve par-ci par-là quelques petits cratères qu’on pourrait appeler des cratérillons ; de même parmi mes cratères à explosion, dont plusieurs étaient des cratères-lacs, il y en avait aussi d’une petite dimension, même sans eau, et dans lesquels, quoique de la même espèce, la nature qui s’y était essayée semblait avoir manqué de puissance. En récapitulant dans mes notes les cratères de ce genre, soit parfaits, soit en ébauche, que j’ai observés en Italie, je peux en compter trente deux.

« Un phénomène plus grave, plus extraordinaire, plus inattendu en ce genre, devait bientôt attirer mon attention ; je veux parler du mont Vésuve.

« Relativement à cette montagne, je n’étais pas tout-à-fait sans instruction. J’avais lu attentivement ce qu’en disent Denys d’Halicarnasse, Pline, mais particulièrement Strabon, qui, quoique géographe, en a mieux connu la nature que Pline. Après cela, je n’avais pas négligé ce qu’en disent, dans les temps modernes,