Page:Bulletin de la société géologique de France - 1re série - 2 - 1831-1832.djvu/78

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C’est ainsi que l’avait envisagée Strabon, le plus judicieux et le mieux informé des géographes anciens.

Cette erreur de Pline et de Ptolomée, quoique relevée par Danville, se retrouve néanmoins encore conservée textuellement dans la plupart des descriptions des géologues de notre siècle. Ceux même qui l’ont reconnue ont continué d’admettre les fausses conséquences qu’on en avait déduites. C’est ainsi que la direction de la chaîne des Pyrénées se trouve déterminée presqu’unanimement du cap Créons à la punta di Figuera, deux points extrêmes dont l’un est situé au sud, l’autre au nord du véritable alignement de l’axe pyrénéen.

Cet axe commence dans la Méditerranée, non au cap Créons en Espagne, mais à celui de Cervères dont la crête sépare le plus également les torrens dirigés au nord de ceux dirigés vers le midi. Cette crête centrale, formée par la ligne de partage des eaux, a été aussi adoptée par la politique comme limite naturelle des Gaules et de l’Espagne[1].

Le point où se termine à l’occident l’axe pyrénéen est plus difficile à déterminer, parce qu’aux approches de la mer de Galice la chaîne subit une bifurcation dont les deux branches vont se terminer, l’une au cap Ortégal, l’autre au cap Finistère.

Un alignement dirigé du cap Cervères au point où commence cette bifurcation, viendrait atteindre la mer entre les deux caps auprès de la Corogne, et à l’île Sisarga.

Cet alignement remplit mieux qu’aucun autre les conditions prescrites pour un axe géographique, ou plutôt il est le seul qui les remplisse. C’est lui qui s’écarte le moins des sinuosités extrêmes de la crête formée par les deux versants, qui partage le plus également entre ces deux, pentes la région montueuse, et qui lie plus naturellement les extrémités avec le centre, les sommités les plus notables avec les points culminas d’où partent les principaux courants fluviatiles, tels que l’Aude, l’Arriége, la Garonne, les Gaves en France, et en Espagne la Sègre, le Douro et le Minho.

Or, l’alignement de cet axe pyrénéen, du cap Cervères à la Corogne affleure les sources de tous ces courans, bien qu’il laisse encore un peu au midi les arêtes dominantes des Maladettes et de Marboré, s’écarte seulement de 6 à 7° de la parallèle à l’équateur. Il y a loin de cette détermination à celle qui le suppose dirigé à l’O. N. O.

Si on voulait n’avoir égard qu’à la chaîne limite des deux

  1. Cervaria finis gallica, Pomp. Mela.