Page:Bulletin de la société géologique de France - 1re série - 3 - 1832-1833.djvu/175

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aussi ses doutes sur les idées de M. Brongniart. Il pense qu’il s’est trop hâté de caractériser de grandes époques du monde primitif, en ne connaissant de chacune d’elles que des débris d’un petit nombre de plantes. Ensuite, la comparaison du nombre relatif des plantes fossiles et des végétaux vivans ne lui paraît pas soutenable, parce que mille circonstances ont influé sur la conservation plus ou moins complète, ou la disparition de certaines familles de plantes dans le sein de la terre.

Ainsi, par exemple, dans la première époque de M. Brongniart, on trouve citées deux mousses et soixante-quatre Lycopodiacées, données qui ne prouvent point que le rapport numérique entre ces deux familles fût alors de 2 : 64. En effet, n’est-il pas naturel que des troncs de Lycopodiacées gigantesques se soient conservés plutôt que de petites mousses, et si M. Brongniart n’a recueilli que deux espèces de mousses de cette époque, cela ne prouve nullement qu’elles ne pouvaient pas être dix fois plus nombreuses que les espèces de Lycopodiacées.

Après des objections de ce genre, M. Henschel passe à l’examen des déterminations botaniques de M. Brongniart. La plupart de ses Lycopodites pourraient être aussi bien des restes de Fougères, ou même de Conifères. Plusieurs des Equisétacées gigantesques ressemblent aux monocotylédons arborescens, ce qui est surtout le cas pour les Calamites. Les Marsilacées pourraient appartenir aussi aux Fougères. Il n’est pas prouvé péremptoirement que les Voltzias soient des conifères : or, ce genre doit caractériser la seconde époque de M. Brongniart, et y établir la prédominance des Conifères. Une erreur botanique, si facile à commettre dans la détermination de ces fragmens de végétaux, peut avoir une influence doublement pernicieuse, si l’on s’en étaie pour créer un système sur la succession des familles de végétaux dans les couches du globe.

Pour pouvoir mesurer le développement progressif de la végétation, il faudrait avoir réparti auparavant les végétaux actuels dans un véritable système naturel ; or, l’arrangement de M. Brongniart est-il le véritable et le seul admis par les botanistes ?

Tous accordent-ils à M. Brongniart que les Equisétacées soient placées avant les Fougères, les Lycopodiacées après ceux-ci et les Characcés, que les Cycadées voisines des Palmiers et des Fougères soit à côté des Conifères, et que ces derniers