Page:Bulletin de la société géologique de France - 1re série - 3 - 1832-1833.djvu/85

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On appelle sol primaire ou roches primitives, les roches schisteuses cristallines ; jadis on leur avait imposé comme caractères de ne pas contenir de fossiles ; maintenant cette idée n’est plus soutenable : jadis on les croyait placées sous tous les autres dépôts ; à présent on les retrouve à différens étages dans le sol intermédiaire et secondaire.

Peu de personnes paraissent s’être rendu compte de ce singulier mode de faire de la géologie ; on place les gneiss et les micaschistes comme la première pellicule de la croûte terrestre ; puis on en intercale ça et là de nouvelles pellicules dans les couches neptuniennes.

Or qu’est-ce que ces roches schisteuses cristallines, qu’elles soient micacées ou talqueuses, quarzeuses ou feldspathiques, en petites masses ou en grandes chaînes ? Ce ne sont, suivant les uns, que des laves particulières, selon les autres des sédimens neptuniens altérés et retravaillés par les agens plutoniques. Mais n’adopte-t-on pas que les roches ignées, telles que les basaltes, les traps, les porphyres, les granites, les siénites, les serpentines, les euphotides, les sélagites, etc., peuvent, vu leur origine, se trouver à tous les étages ; ne lie-t-on pas à ces roches des dépôts métallifères de divers genres dont on rajeunit ainsi extrêmement l’âge ? D’un autre côté, pour le classement rationnel des roches schisteuses, cristallines, presque tout le monde a peur de suivre la même logique ; or, puisqu’elles sont des produits ignés, leur nature particulière ne fait rien à la chose ; donc on doit, on peut du moins les trouver à tous les étages, et on doit cesser, une fois pour toutes, de les appeler primaires et primitives, ces mots n’ayant plus de sens. Pourquoi donc ne pas adopter le mot de schistes cristallins, facile à introduire dans toutes les langues ?

J’ai dit que des géologues célèbres, tels que M. Marzari, etc., regardaient ces roches comme des laves ; je ne puis partager cette idée, parce que ces masses sont associées intimement avec d’autres, telles que des calcaires souvent à odeur bitumineuse, qui indiquent un dépôt neptunien. D’ailleurs des fossiles ont été trouvés non seulement dans ces calcaires qui, de compactes, sont devenus grenus et se sont quelquefois remplis de minéraux, mais encore dans les schistes eux-mêmes, comme en Suisse, dans les Grisons et en Italie. De plus, ces roches schisteuses présentent des portions tout-à-fait arénacées ; des gneiss à cailloux ont été indiqués dès long-temps Écosse, et il y en a dans les Vosges.