Page:Bulletin de la société géologique de France - 1re série - 4 - 1833-1834.djvu/204

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les siénites que dans les eurites et porphyres ; elles tarissent rarement, quoiqu’elles diminuent beaucoup pendant l’été ; elles sont très froides : leur température moyenne varie de 4° à 6° centigrades. On voit, sur les flancs des montagnes et dans le fond des vallées, beaucoup de blocs erratiques, appartenant aux roches mêmes sur lesquelles ils reposent, et aussi aux roches inférieures.

Formation du leptynite.

Sur toute la limite nord de la formation granitique (dans les environs de Remiremont, du Tholy, de Gérardmer, Granges, Corcieux ; et jusqu’à la Poutroie, en allant vers l’E.), on voit les élémens du granite diminuer très sensiblement, et la roche passera un véritable leptynite, qui prend bientôt un développement considérable. Dans sa partie supérieure, cette roche se charge de mica et passe au gneiss. Les eurites, les porphyres et les quarz pénètrent en filons dans le leptynite comme dans le granite et le gneiss ; on y voit aussi de nombreuses veines et des filons d’hyalomicte, avec cristaux de tourmaline. Sur quelques points, le leptynite se charge d’amphibole, et devient alors un leptynite siénitique qui passe au diorite schistoïde (Rainfin, étang de Fondromé, etc.) ; c’est dans la formation du leptynite que se trouvent intercalés tous les ophiolites des Vosges. Les cultures et les alluvions empéchent très souvent de voir le contact de ces roches avec celle qui les renferme ; mais sur quelques points (montagne du gris Mouton, etc.) on les voit parfaitement sortir du leptynite comme un gros filon.

Les ophiolites ne sont jamais recouverts que par les dépôts diluviens, ce qui me porte à les regarder comme postérieurs aux eurites et porphyres.

Je n’ai point pu calculer la puissance du leptynite ; mais elle est beaucoup moins considérable que celle du granite. Les formes des montagnes sont à peu près les mêmes que celles de la formation précédente ; les eaux sont aussi très abondantes.

Formation du gneiss.

Le gneiss succède au leptynite, et le recouvre partout où ces roches sont en contact ; on les voit passer de l’une à l’autre par degrés insensibles ; mais comme le leptynite renferme des fragmens du gneiss, et pousse des filons dans sa masse, il est évident que sa consolidation est postérieure à celle de cette roche.

Le gneiss des Vosges est le même que celui des autres parties de la France ; on en distingue un grand nombre de variétés qui résultent de la variation de ses principes constituans : tantôt il est très micacé, tantôt il est feldspathique ; la masse est toujours