Page:Bulletin de la société géologique de France - 1re série - 4 - 1833-1834.djvu/328

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le Cantal et même peut-être dans tous les cratères de soulèvement, ou au moins dans tous ceux de l’Auvergne, l’épaisseur visible des matières volcaniques paraît être plus petite dans les parties qui se rapprochent des bords de l’espace disloqué, qu’elle ne l’est dans lei parties les plus voisines du centre de dislocation. On trouve bizarre de supposer que les matières vomies du sein de la terre se sont accumulées d’abord dans des bassins, et que c’est précisément près du centre, plutôt que vers les bords, ou même à l’extérieur de ces anciens bassins, que les forces soulevantes ont fait sentir leur action de la manière la plus prononcée. On dit qu’une pareille rencontre, si elle est possible, ne peut être que fortuite, et que par conséquent elle est en elle-même improbable. à cela, je répondrai premièrement : que tout conduit à supposer, qu’à l’époque où commencèrent en Auvergne les plus anciennes éruptions volcaniques, il devait y exister des dépressions, et que c’est près de ces dépressions que les éruptions devaient le plus probablement avoir lieu.

Secondement, que l’effet le plus immédiat de ces éruptions a dû être de combler les dépressions dont il s’agit.

Troisièmement, qu’un examen attentif des anciennes accumulations volcaniques de l’Auvergne montre qu’en effet elles se sont amoncelées dans des dépressions préexistantes.

Quatrièmement, enfin, que si, après les éruptions, le sol de l’Auvergne était venu à être disloqué, les points où les éruptions avaient en lieu précédemment devaient céder de préférence, et que cette coïncidence était rendue encore plus nécessaire par la circonstance que les éruptions avaient eu lieu dans des dépressions.

D’où il résultera que la coïncidence dont il s’agit était si loin d’être improbable, qu’il serait au contraire singulier qu’elle ne se fût pas présentée.

Le sol de l’Auvergne a cessé de très bonne heure d’être plat et uni. Ainsi que M. Dufrénoy l’a déjà fait remarquer, des dépôts houillers, des dépôts lacustres, des dépôts d’alluvion, s’y sont amoncelés à diverses époques, sur d’énormes épaisseurs, dans des dépressions plus ou moins circonscrites. L’uniformité que le sol de l’Auvergne nous présente aujourd’hui dans une partie de son étendue n’aurait pu à aucune époque s’étendre à tout son ensemble, sans constituer dans son histoire générale une circonstance exceptionnelle. Pourquoi à l’époque des premières éruptions trachytiques, le sol de l’Auvergne se serait-il trouvé en entier