Page:Bulletin de la société géologique de France - 1re série - 4 - 1833-1834.djvu/334

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aussi prononcée que les massifs du Cantal, du Mont Dore et du Mezenc.

On voit donc qu’en tenant compte surtout de la nature souvent très fluide des trachytes de l’Auvergne, les analogies déduites de l’observation ne conduisent nullement à concevoir que des éruptions de la nature de celles qui y ont eu lieu anciennement aient pu y produire sur une surface plane autre chose qu’une galette tuberculeuse, comparable tout au plus aux groupes trachytiques de la Hongrie, qui sont si loin de présenter le profil conique régulier du Cantal et du Mont Dore.

On chercherait vainement l’explication de la forme lenticulaire de nos massifs dans l’abondance des déjections incohérentes d’où sont résultées les assises régulières de conglomérats, qui jouent dans leur structure un rôle si proéminent. Il est certain que lorsque des éruptions successives font naître une montagne de forme conique, ce sont en général les déjections incohérentes qui contribuent le plus à la production de cette forme ; mais il est évident aussi que des éruptions éparpillées sur tout l’espace qu’elles ont recouvert, en les supposant même composées en majeure partie de débris incohérents, n’auraient en aucune tendance à produire un massif ayant la forme simple d’un cône unique. Il n’est personne qui n’ait vu comment les vers qui rongent le bois, entassent, à l’entrée de leur canal, la poussière qu’ils produisent en le creusant. Tout le monde sait qu’une planche dans laquelle se sont introduites un grand nombre de ces larves est bientôt couverte d’une multitude de petits cônes de poudre ligneuse, qui souvent se tiennent par leur base, et se confondent plus ou moins les uns avec les autres. Telle aurait été à peu près la forme de l’accumulation qu’auraient produite des éruptions de matières incohérentes opérées sporadiquement sur une surface horizontale.

Il est donc difficile d’attribuer la forme renflée des massifs de déjections ancienne de l’Auvergne au premier des deux modes d’entassement que nous avons été conduits à considérer ; voyons si le second mode présenterait cet égard des chances plus favorables.

Si on conçoit que des éruptions sporadiques, au lieu de se produire sur une surface à peu près plane, viennent à s’effectuer en partie sur le fond, en partie sur les flancs et le pourtour d’une dépression, la production d’une masse lenticulaire de déjections devient non seulement possible, mais nécessaire. Si des éruptions opérées sporadiquement, comme l’ont été évidemment les éruptions trachytiques et basaltiques de l’Auvergne, n’avaient produit que