Page:Bulletin de la société géologique de France - 1re série - 4 - 1833-1834.djvu/413

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arrive à une seconde couche de 20 à 25 centimètres d’épaisseur, composée uniquement de débris de coquilles dont le têt est très reconnaissable, mais dont pas une seule ne s’est conservée entière. Cette couche d’un rouge vineux au moment de la découverte, devient blanchâtre après quelques jours d’exposition à l’air ; elle renferme de nombreux ossemens offrant la même coloration, quelquefois passant à une teinte plus foncée, qu’ils conservent. Cette couche coquillière repose sur un lit de marne fortement argileuse, que l’on m’a dit alterner encore deux fois avec la couche coquillière, que je n’ai point vérifiée par moi-même. Les fouilles que j’ai fait faire dans ces deux couches ont produit une immense quantité de débris organiques, mais très peu d’échantillons entiers. J’ai cependant recueilli les dents de plusieurs espèces de mammifères, tant carnassiers que pachydermes et ruminans. Dans les premiers, j’ai remarqué, 1° une carnassière tranchante, que je croirais avoir appartenu à un grand chat d’une taille un peu au-dessous de celle du tigre ; 2° la tête d’un animal de la taille du renard, dont la cavité crânienne était envahie par une concrétion calcaire reproduisant avec fidélité les anfractuosités du cerveau. — Dans les pachydermes, une défense d’éléphant, dont je vous envoie un fragment. — Des dents de mastodonte (M. angustidens), dont deux mamelons incrustés dans le calcaire. La partie osseuse de la dent, et l’émail même sont presque complètement modifiés ; de plus, quelques dents que je crois devoir rapporter au paléothère (magnum), qui se serait ainsi trouvé contemporain du mastodonte de l’éléphant. — Pas une dent de cheval. — Dans les ruminans, force bois de cerfs et dents de diverses grandeurs ; pas une dent du genre bœuf. Enfin, monsieur, il y a huit jours que j’ai découvert, à fleur de terre, dans un ravin creusé par les eaux sur le versant d’une colline directement opposée au gisement que je viens de décrire, et de l’autre côté de la rivière, une molaire que je serais tenté de rapporter au mastodonte géant, ou au mastodonte des Cordilières ; bien que je lise dans le Dictionnaire des sciences naturelles de Levrault, que Cuvier croyait les débris de ces deux espèces exclusivement propres au continent d’Amérique. La couronne de cette molaire est à peu de chose près carrée, d’un grand tiers plus large que la correspondante du mastodons angustidens. Elle présente six mamelons, dont les trois internes sontusés en grande partie, et présentent autant de contours émailleux elliptiques. Dans les trois mamelons externes, les pointes qui devaient être assez tranchantes et en forme de coin, sont à peine entamées.