Page:Bulletin et mémoires de la Société archéologique du département d'Ille-et-Vilaine, volume 8.djvu/444

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Si je dois rester coi, comme les gens sensés,
Ou par vive amitié prendre un parti moins sage.
Je désire pourtant voir votre cher visage,
Embrasser le vieillard que jeune j’aimais tant,
À votre front blanchi coller mon front tout blanc,
Serrer dans mes deux mains vos deux mains consacrées,
Et goûter, doux ami, vos paroles sacrées.
Pour vous remercier de vos charmants présents,
Ma plume ne peut pas rendre ce que je sens :
Maître, ne doutez point de ma reconnaissance ;
Je sais trop bien sur moi quelle est votre créance ;
Me donnant tout entier, je ne la paierais pas.
Mais mon cœur est glace, mon corps est vieux et las,
Je ne puis de le mer affronter les tempêtes.
Si je pouvais me rendre en ces lieux où vous êtes,
Par un sentier ouvert aux simples piétons,
Tout aussitôt j’irais à vos chères maisons.
Mais vous, ami chéri, vous avez l’habitude
De le mer et des vents ; et, sans inquiétude,
Vous savez naviguer sur les flots indomptés,
Dont est votre pays cerné de tous côtés :

   An stultus fiam propter amicitiam.
Opto tuum vultum, mi præsul, cornere multum,
   Amplectique senem quem colui juvenem.
Sacratasque manus cano conjungere canus,
   Colloquiumque tui, dulcis amice, frui.
Hospitiique fidem, collataque munera pridem,
   Quæ labor est scribi cemmemerare tibi
Ne pater ingratus cui sum servira paratus,
   Cui si me dedero, non tamen æquus ero.
Sed gelidum pectus, sed fessa labore senectus
   Obstat ne faciam per maris alta viam.
Si fines vestri peterentur celle pedestri,
   Ad charas ædes ferrent, amice, pedes.
At tu qui vegetus, qui ventes spernere suetus,