Page:Bulletins d'arboriculture de floriculture et de culture potagère, 1872.djvu/399

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Celle qui a servi de modèle pour notre planche est de dimension ordinaire. C’est un défaut dans les traités pomologiques d’exagérer la grosseur des fruits, ou de choisir, pour les figurer, des spécimens exceptionnellement gros. Pour ce qui est de la variété en question, nous admettons qu’elle puisse atteindre parfois un volume remarquable, et à ce sujet, nous sommes heureux de pouvoir communiquer les lignes suivantes, dues à M.  le chevalier de Biseau d’Hauteville et qui renferment des renseignements pleins d’intérêt sur le fruit que nous venons de décrire.

« Je cultive depuis plusieurs années cette précieuse variété, et je lui reconnais tous les mérites réunis : beauté, grosseur, bonté, durée, fertilité extraordinaire et grande vigueur. Les poires d’été n’ont souvent qu’une durée de quelques jours ; si on néglige d’entrecueillir, elles blettissent ou pourrissent même. Madame Treyve se conserve longtemps intacte et si un insecte a attaqué un fruit ou s’il a reçu un choc, il ne se gâte qu’à la longue et ce qui reste intact n’a pas de mauvais goût. Cette variété est mangeable dès la fin d’août et peut se conserver tout le mois de septembre et une partie d’octobre. L’année dernière j’en ai mangé le 27 et 29 octobre encore bonnes et juteuses ; cette année, j’en avais conservé trois fruits que j’ai mangés le 14 novembre ; la chair était encore ferme, juteuse, d’un goût agréable ; elle blettissait autour des loges ; sa couleur était celle d’une pomme de Calville.

« Quand ce fruit est consommé à temps, par sa chair un peu grosse, son jus sucré sans être parfumé, sa peau d’un vert clair luisant, il ressemble à un Napoléon ; il est quelquefois légèrement coloré.

« Sa vigueur sur franc est très grande, et le fruit supporte assez bien les coups de vent.

« Sa fertilité est vraiment phénoménale ; toutes les fleurs nouent, je crois.

« En 1871, j’ai pris la peine de compter, peser, etc., les fruits de quelques branches greffées ça et là, à toutes expositions sur différents sujets.