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Page:Bulteau - Les Pierres du chemin, chronique parue dans Le Figaro (Supplément littéraire) du 14 Juillet 1906.djvu/5

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tomber à un homme si fascinant ! Et assez discret, en somme. Elle a de la chance, cette petite !…

Les buveurs de porto ne peuvent apercevoir que le dos de l’irrésistible. Mais qu’il est éloquent ! Large, musclé, vigoureux et svelte, ce dos exprime la tension intérieure, la volonté concentrée. Rien n’est si résolu, si attentif, si véhément que ce dos.

La jeune femme écoute silencieusement les paroles qui se succèdent. Elle joue avec une boîte d’émail et baisse la tête — sans doute pour cacher l’émotion inconnue qui la bouleverse. Le charme opère, la voilà prise.

Il se tait ; tout ce qu’il fallait dire est dit. Il attend. Et son dos révèle aux mangeurs de galettes une sincère anxiété. Serait-il pincé, l’irrésistible ! Tant mieux, sa victoire en sera plus savoureuse ; car il vaincra, il le sait bien !