Page:Bulteau - Les Pierres du chemin, chronique parue dans Le Figaro (Supplément littéraire) du 7 Juillet 1906.djvu/14

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largement épanouie ou secrètement contentante, suivant leurs tempéraments : c’étaient ces maris, l’image même des réussites totales.

On riait avec grâce, on plaisantait avec retenue. Il y avait entre ces trios rapprochés par une similitude de situation des allusions à demi mot d’une ravissante subtilité. Et c’était un délicat plaisir que d’entendre ces amants anciens s’appeler « Monsieur » et « Madame », avec un ton de raillerie nuancée qui avertissait si bien de l’état des choses.

Rien de tout cela n’existerait si ces dames mûres et superbes avaient aux jours de la jeunesse planté là leurs maris pour suivre l’amant parmi des aventures de mauvais goût. Quelles conséquences lamentables une si folle conduite n’aurait-elle pas eues ! La femme déclassée, le mari ridiculisé, l’amant encombré, gêné dans sa carrière… Mais elles avaient le cœur trop bien fait, les superbes dames ; elles ont préféré organiser l’admirable union de trois vies solidaires, où