Page:Bulteau - Un voyage.pdf/266

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
251
potsdam

l’autorisât à s’indigner de rien. Si Voltaire était son ami, il se devait à lui-même d’étouffer le scandale, de le tirer de là, et de lui pardonner ses sottises. Et si Voltaire n’était pas son ami, si la délicatesse exquise de Frédéric et sa pureté d’hermine restaient offensées irréparablement, il ne fallait pas garder auprès de soi cet homme détestable… Mais les leçons de français ? Évidemment ! Il le garde et l’insulte, le traite comme un laquais, l’humilie. Il est furieux, parce qu’on a méconnu son autorité, puis à la fin sans doute il est satisfait de tenir l’autre sous sa botte.

On regrette que Voltaire ait fait toutes ces vilaines choses. Mais cela ne conduit nullement à trouver jolies celles que fait Frédéric.

Enfin, c’est l’histoire de Maupertuis.

Maupertuis jalouse Voltaire et ne l’aime point. Voltaire ne jalouse pas précisément Maupertuis, mais il l’a en horreur, sachant quels mauvais offices l’autre lui rend auprès du maître. Aussi, quand survient une bruyante querelle scientifique entre Maupertuis et le mathématicien Kœnig, Voltaire se hâte-t-il de prendre parti pour Kœnig. Il publie — anonymement, une lettre qui résume l’affaire et donne tous les torts à Maupertuis. Du reste, si on lui parle de cette dispute, il refuse de donner son opinion. Il ne peut juger, car il ne connaît pas