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un voyage

ce qu’elle enflamme et exalte en le transperçant, toutes les dures substances où elle se brise en gerbes d’éclairs est réuni là pour lui donner une fête sans pareille. Diamants, émeraudes, jaspes, onyx, sardoines, agates, cristal, et « le peuple des métaux » ciselés, gravés, contournés, domptés, tout brasille, chatoie, étincelle.

Dans la chambre verte : des bijoux, des bijoux, tant de bijoux ! chaînes d’or où l’étroit espace d’un centimètre contient des personnages et des rinceaux exquis ; pendeloques, broches ; puis un amusement répété sans trêve : de petits bonshommes drolatiques faits avec d’énormes perles baroques, des animaux aussi, aigles aux ailes d’émail, lions à crinières d’or ! Combien il y en a ! Et des bracelets, des plaques, des colliers… Ensuite, les hanaps d’or, d’argent, de vermeil, en forme de guivres, de basilics, d’oiseaux ; gobelets immenses surchargés de personnages, cornes revêtues d’émail blanc et semées de rubis. Des vitrines, d’autres encore sont pleines de ces coupes qui semblent destinées à la soif des géants. Puis viennent les ivoires jaunes comme le beurre, ou blancs comme le lait. C’est Auguste Ier qui, pour la plupart, les a rassemblés. Lui-même était un tourneur habile, et, par dessus tout, il aimait l’ivoire. Il avait à sa solde les sculpteurs habiles à travailler la glissante matière : le Bavarois Wecker, Gilles Lœbenick de Cologne, et Keller, qui fit cette singulière table en forme de frégate, que voici ; et Barthel, qui sculpta d’une main si assurée les cent quarante-deux minuscules figures