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padoue

La lutte continue, parmi les meubles bousculés. Lucrezia clame plus haut. Les femmes hurlent. Le petit garçon répète : « Ouvre, mère, ouvre ! » Puis dans la chambre de la marquise il y a un grand silence. Ferdinand, pieds nus, est sorti, il arrive devant la porte secrète. Il va l’ouvrir. Elle s’ouvre. Un homme caché jusqu’aux yeux dans son manteau bondit, renverse l’enfant qui garde aux épaules l’empreinte de deux mains rouges. L’homme est parti.

Les servantes n’osent entrer chez Lucrezia. Elles appellent jusqu’à ce que l’estaffier qui dort dans une arrière-cour s’éveille. Il arrive. La marquise est à terre, noyée de sang, la gorge coupée. Elle vit encore, s’accroche à la jambe du domestique, retombe.

C’est une dangereuse affaire que d’être mêlé à un meurtre. Après on vous accuse. L’estaffier voit bien que sa maîtresse est perdue… Il retourne à son somme.

Ferdinand, fou de peur, croit que l’assassin va revenir le tuer lui aussi. Il se cache sous le lit d’une servante. Les femmes restent là, sidérées, immobiles. Et Lucrezia finit de mourir dans la flaque de son sang.

Elle a pu se traîner un peu, cependant et prendre son rosaire sur la table. Le lendemain on la trouvera les mains jointes, serrant les grains poissés.