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SIXIÈME PARTIE.


CHAPITRE PREMIER.

« Je ne sais pas cela, » dit mon père.

Qu’est-ce que mon père ne sait pas ? Mon père ne sait pas que le bonheur est la fin et le but de notre être.

Et à propos de quoi mon père répond-il par des paroles sr sceptiques à une assertion qui rencontre si peu d’adversaires ?

Lecteur, M. Trévanion est assis depuis une demi-heure dans notre petit salon. La belle main de ma mère lui a versé deux tasses de thé. Il est ici comme chez lui. Avec M. Trévanion est arrivé un autre vieil ami, sir Sedley Beaudésert, que mon père n’avait pas revu depuis sa sortie du collège.

Or, il faut que vous sachiez que la nuit est chaude. Il est un peu plus de neuf heures ; c’est une nuit entre l’été qui s’en va et l’automne qui approche. Les fenêtres sont ouvertes. Nous avons un balcon, que ma mère a pris soin de garnir de fleurs. Quoique nous soyons à Londres, l’air est doux et frais et la rue tranquille, excepté lorsqu’une voiture ou un cabriolet roule rapidement devant nous. Quelques personnes rentrent chez elles sans bruit. Nous sommes sur une terre classique, près de ce vieux et vénérable musée, sombre édifice monastique, avec ses trésors de science dont le goût du siècle se passait alors. Le calme du temple semble sanctifier tous les alentours. Le capitaine Roland est assis près de la cheminée, et, quoiqu’il n’y ait pas de feu, il s’abrite le visage derrière un écran. Mon père et M. Trévanion ont rapproché leurs chaises