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SEIZIÈME PARTIE.


CHAPITRE PREMIER.

« Ce billet est-il pour vous, monsieur ? demanda le garçon.

— Pour moi ?… oui. C’est mon nom. »

Je ne reconnaissais pas l’écriture. Pourtant le billet venait de quelqu’un dont la main aurait dû m’être familière. Mais autrefois son écriture était serrée, roide, perpendiculaire ; elle était déguisée, quoique je ne m’en doutasse pas : à présent elle était précipitée, irrégulière, impatiente, les lettres à peine formées, les mots à peine finis, et cependant lisible, comme l’est toujours l’écriture d’un homme hardi. J’ouvris nonchalamment le billet et je lus :

« Je vous ai guetté toute la matinée. Elle est partie ; je l’ai vue, et je ne me suis pas jeté sous les pieds des chevaux. Je vous écris ceci dans un cabaret, non loin de l’endroit où vous êtes. Voulez-vous suivre le porteur et voir encore une fois le proscrit que le reste du monde fuira désormais ? »

Quoique je ne reconnusse pas la main, il ne pouvait y avoir de doute sur celui qui m’écrivait.

« L’enfant demande s’il y a une réponse. »

Je fis un signe affirmatif, je pris mon chapeau et je sortis. Il y avait dans la cour un petit garçon déguenillé, avec lequel j’échangeai à peine six mots. Je le suivis le long d’une étroite ruelle qui faisait face à l’auberge et qui se terminait par un tourniquet. Là, le garçon s’arrêta, me fit signe de continuer ma route et s’en retourna en sifflant. Je franchis le tourniquet et me trouvai dans une prairie, au milieu de laquelle coulait un