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en comparaison de la rente qu’il servait antérieurement ; et le capital était beaucoup plus utile à son fils que ne lui eût été cette rente annuelle. Ainsi, à nous trois, nous possédions 4 500 livres (112 000 fr.), somme considérable pour des colons australiens.

Nous ne gagnâmes rien pendant les deux premières années. Une grande partie de la première avait été employée à apprendre notre métier dans l’établissement d’un vieux colon : mais, à la fin de la troisième année, nos troupeaux ayant considérablement multiplié, nous eûmes un bénéfice qui dépassa mes plus belles espérances ; et, lorsque mon cousin nous quitta dans le courant de la sixième année de notre exil, nos parts s’élevaient à 4 000 livres pour chacun, sans compter la valeur de nos deux établissements.

Mon cousin avait d’abord désiré que sa part fût remise à son père ; mais il reconnut aussitôt que celui-ci ne l’accepterait jamais, et il fut convenu qu’elle resterait entre mes mains et que je la ferais valoir. Je devais lui en envoyer les intérêts à 5 pour cent, et ajouter le surplus des bénéfices au capital. J’avais donc à veiller sur douze mille livres, et nous pouvions nous regarder comme de très-respectables capitalistes.

Je conservai la station du gros bétail, avec l’aide de Feu-Follet, pendant deux ans environ après le départ de Vivian. Il y avait alors cinq ans qu’elle existait. À l’expiration de ce temps, je la vendis très-avantageusement. Les moutons, pour l’élève desquels j’avais acquis une grande réputation, ayant merveilleusement prospéré, je crus que nous pouvions en toute sécurité nous lancer dans des spéculations plus aventureuses.

Charmé d’ailleurs de changer d’horizon, je confiai les troupeaux aux soins de Bolding et me dirigeai sur Adélaïde. La réputation de cette nouvelle colonie troublait déjà la paix du Bocage. Je trouvai l’oncle Jack installé dans une très-belle villa, près d’Adélaïde, et vivant au sein du luxe et de l’opulence. La rumeur publique n’exagérait peut-être pas ses bénéfices. Il avait tant de cordes à son arc ! et chacune de ses flèches paraissait cette fois avoir frappé son but.

Je me crus alors assez de savoir et de prudence pour profiter des idées de l’oncle Jack sans me ruiner en les suivant