Page:Bulwer-Lytton - Le Maître d’école assassin, 1893.djvu/37

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l’amour qui s’empara de moi, l’amour de la science.

Une occasion toute fortuite dirigea mon attention vers les connaissances les plus abstruses. Je m’abandonnai de toute mon âme à cette noble étude qui est la base réelle de toute vraie découverte, et les résultats heureux que j’obtins m’ouvrirent bientôt de nouvelles routes plus fleuries. L’histoire, la poésie, qui nous rendent les maîtres du passé, ce pouvoir enchanteur qui évoque devant nous le monde des visions, prirent la place qu’avaient tenue jusqu’alors les chiffres et les lignes. Je me laissai aller chaque jour davantage à mon goût pour la solitude et l’étude prit chaque jour pour moi des charmes plus vifs et plus attrayants, elle devint en moi une passion qui élargissait chaque jour mes vues et mes désirs. Je ne veux pas, je ne puis pas m’étendre à loisir sur ce sujet en décrivant avec détail ce que j’appris ainsi, sans aucun maître, avec un labeur qui me paraissait d’autant plus doux qu’il était plus intense. L’Univers, la création, tout ce qui était doué de vie et de mouvement, tout en un mot devint pour moi un objet d’intérêt, d’étude attentive et passionnée. Je sentais glisser sur mon âme comme sur une surface lisse et dure, les plaisirs ordinaires, les charmes des liens de la vie commune ; ils me laissaient insensible et froid. Vous avez entendu sans doute dire qu’il y a en Orient des hommes, qui tombent dans une immobilité absolue et durant plusieurs jours de suite ; leurs yeux sont dirigés fixement vers le