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ciel ; de même mon esprit, absorbé tout entier par la contemplation de choses qui dépassaient sa portée, n’avait aucune notion de ce qui se passait autour de moi. Mes parents moururent, me laissant orphelin. Je n’avais point de foyer, point de fortune, mais partout où un champ contenait une fleur, mais du moment qu’il y avait des étoiles au ciel, il n’en fallait pas davantage pour me soutenir et me faire vivre dans le plaisir. Je passais des mois entiers à errer sans but, passant le plus souvent la nuit à la belle étoile, et fuyant l’homme comme si je voyais en lui celle des créatures divines qui avait le moins de choses à m’enseigner. Je vins à Knaresborough ; la beauté de ce pays, la facilité de lire des livres que me fournissait une bibliothèque ouverte pour moi, me décidèrent à me fixer en cet endroit. Et dès lors de nouveaux désirs m’ouvrirent de nouveaux horizons, développèrent en moi des ressources inconnues. Je me sentis hanté par l’ambition de perfectionner mon espèce. Tout d’abord j’avais aimé la science pour elle-même, désormais j’entrevoyais un but bien plus noble que la science. À quoi bon, me disais-je, tant de labeurs ? Dois-je entretenir une lampe pour qu’elle brûle solitaire et n’éclaire qu’un désert ? Pourquoi accumuler des richesses, s’il n’y a personne qui doive profiter de ce trésor. Je me sentais inquiet, mécontent. Que fallait-il faire ? Je n’avais point d’amis, j’étais comme un étranger dans ma propre espèce. J’étais paralysé, exclu de tout emploi utile par ma pauvreté. Je vis