Page:Bulwer-Lytton - Le Maître d’école assassin, 1893.djvu/57

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passa ensuite, à quoi bon le répéter ? Houseman a menti devant le tribunal, ma main a frappé, mais elle n’a pas donné le coup mortel. Cependant depuis cette minute je n’ai jamais tendu cette main droite en signe d’amour ou d’amitié, elle conserve toujours dans ma mémoire une malédiction.

Nous partageâmes notre butin ; j’enterrai le mien pour le moment. Houseman était en relation avec une diseuse de bonne aventure bohémienne, et grâce à elle il put aussitôt transporter sa part à Londres. Maintenant voyez comme nous nous débattons misérablement dans le filet du destin ! Trois jours après mon acte, un parent qui, pendant toute sa vie m’avait oublié, mourait en me laissant sa fortune, — du moins pour moi c’était une fortune, une somme plus considérable que celle pour laquelle j’avais… ! Cette nouvelle me frappa comme un coup de foudre. Ah ! si j’avais attendu trois petites journées ! Grand Dieu ! quand on me l’annonça, je crus entendre les ricanements de Satan, raillant le fou qui s’était vanté de posséder la sagesse. Qu’on me parle maintenant de notre libre arbitre ! Nous ne sommes que la chose d’une fatalité inexorable, qui ne nous lâche jamais, nous sommes prédestinés à notre sort, enchaînés à une roue qui tourne jusqu’à ce qu’elle arrive à un certain endroit où nous sommes écrasés. Si j’avais attendu trois jours, trois jours ! Si du moins un songe m’avait averti, si mon cœur m’avait murmuré faiblement ces mots : « Tu as souffert bien longtemps,