Page:Bulwer-Lytton - Le Maître d’école assassin, 1893.djvu/58

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attends encore un peu. » Mais non. C’était pour cela, pour la faute et son châtiment, pour une vie perdue et une mort infâme, après mes rêves de bienfaisance et de gloire, c’était pour cela que j’étais né, que j’avais été marqué dès mon premier sommeil dans le berceau.

La disparition de Clarke ne manqua pas de produire une vive agitation : ceux qu’il avait trompés étaient naturellement intéressés à le découvrir. Quelques-uns émirent de vagues suppositions, qui ne tardèrent pas à se répandre : selon eux Clarke avait été supprimé. Houseman et moi, nous fûmes interrogés, par suite de quelques coïncidences qui nous désignaient, mais non parce qu’on me soupçonnait avant ou depuis cet interrogatoire. La chose fut bientôt terminée : Houseman ne se trahit pas ; quant à moi, dès mon enfance je m’étais accoutumé à maîtriser mes émotions, qui sont les jouets des passions, mais je compris à la physionomie de la femme chez qui j’habitais : cette femme me soupçonnait. Houseman me dit qu’elle lui avait fait connaître nettement sa pensée ; il me paraissait même décidé à la faire disparaître, mais son départ de la ville retarda l’exécution de ce projet, qu’il réalisa par la suite. Je ne m’attardai pas longtemps après lui. Je déterrai mes bijoux, je les cachai sur moi, et je partis à pied pour l’Écosse, où je vendis ma part. Désormais j’étais à l’abri du besoin. Avais-je trouvé le repos ? Pas encore. Une impulsion secrète me poussait à errer : la malédiction qui pèse sur Caïn retombe sur ses descendants. Je voyageai pendant long-