Page:Bulwer-Lytton - Le Maître d’école assassin, 1893.djvu/69

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crime, les calculs bas qui y avaient poussé, l’invraisemblance de tout plaidoyer, la vile influence, la sotte hypocrisie qui y apparaissaient : tout cela constituait mon principal châtiment. Il me fallait esquiver, apaiser, acheter ce méprisable scélérat. Il importe peu que vous sachiez comment j’y parvins, je lui donnai à peu près tout ce que je possédais, à condition qu’il quitterait l’Angleterre pour toujours, et ce fut seulement quand je crus qu’il s’était conformé à son engagement, ce fut seulement le jour où je crus qu’il avait quitté l’Angleterre, que je laissai ma destinée s’unir irrévocablement à celle de Madeleine. Fou que j’étais ! comme si les lois pouvaient être un lien plus fort que ne l’était notre amour !

Bien souvent, quand on commet une faute, on l’expie dans ce que l’âme a de plus élevé par ce qu’elle a de plus bas. Quand j’étais seul, je me plaisais à me laisser porter sur l’aile de la rêverie qui m’entraînait bien loin de la terre, et c’était certes une humiliation atroce que d’être réveillé de cette extase intellectuelle par la nécessité de marchander, de me débattre, d’ergoter sur des livres et des pence avec un homme comme Houseman, afin de sauver ma vie. Voilà les malédictions qui rendent plus cruelle la tragédie de la vie, en écrasant notre orgueil. Mais voici que je reviens à ce que j’ai déjà dit. J’allais épouser Madeleine, j’étais redevenu pauvre, mais je n’aurais point à souffrir de la pauvreté ; j’avais réussi à obtenir la promesse d’un emploi. Pour faire cette demande