Page:Bulwer-Lytton - Pelham, 1874, tome I.djvu/198

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en jouant avec ses gants de Woodstock ; j’ai souvent dansé avec elle à Almack.

— Danse-t-elle bien ? demanda mistress Dollimore.

— Oh ! supérieurement, répondit M. Ritson, c’est une si charmante et si délicieuse petite personne. »

Sir Ralph, ennuyé visiblement de cette conversation fashionable, alla parader ailleurs.

« Quel est, s’il vous plaît, ce gentleman ? dit mistress Dollimore.

— Sir Ralph Rumford, répondit Smith vivement, un de mes amis intimes de Cambridge.

— Je serais curieuse de savoir s’il fera un long séjour ici, dit mistress Dollimore.

— Je l’espère, dit M. Smith, si toutefois nous lui plaisons.

— Il faut absolument que vous me le présentiez, dit mistress Dollimore.

— Ce sera avec le plus grand plaisir, dit cet excellent M. Smith.

— Sir Ralph est-il un homme du monde ? dit M. Ritson.

— C’est un baronnet, répondit emphatiquement M. Smith.

— Ah ! répliqua Ritson, mais ce pourrait être un homme d’un rang élevé, sans être pôur cela un homme du monde.

— C’est vrai, murmura mistress Dollimore.

— Je ne sais pas, répliqua M. Smith, d’un air ébahi et embarrassé, mais il a 7000 livres sterling[1] de rente.

— Ah ! vraiment, » s’écria mistress Dollimore, oubliant son rôle et reprenant le ton qui lui était habituel ; à ce moment une jeune fille portant, comme elle, des tire-bouchons et des fleurs dans les cheveux, vint la rejoindre, et l’appela du doux nom de maman.

« Avez-vous dansé, mon amour ? lui demanda mistress Dollimore.

— Oui, maman, avec le capitaine Johnson.

— Oh ! » dit la mère en remuant la tête, et en donnant à sa fille un petit coup de coude significatif, et elle l’emmena à l’autre bout du salon, pour aller parler de sir Ralph Rumford et de ses sept mille livres sterling de rentes.

  1. 175,000 francs de rente.