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biller quelques règles qui sont déjà passées de mode. Ce que je vais dire maintenant est hors de l’atteinte de ce grand innovateur qu’on appelle la mode, et peut s’appliquer, non pas au caprice d’un jour, mais à toutes les époques connues. Je confie sans crainte ces maximes à la sagacité du lecteur perspicace qui a déjà distingué dans ce livre ce qui est ironique de ce qui est sérieux, l’adjurant de se rappeler ce que dit Sterne que, « chaque chose a son côté plaisant, son côté sérieux et son enseignement ; le tout est de savoir le découvrir. »

MAXIMES.

I. — Ne cherchez pas tant, dans l’habillement, la commodité que l’ornement. L’art ne doit pas copier la nature, il doit l’embellir. Apelles blâmait Protogène d’être trop naturel.

II. — Que votre habillement ne s’éloigne jamais par trop du goût général. Le monde regarde l’excentricité comme une preuve de génie, dans les grandes affaires, comme une preuve de sottise dans les petites.

III. — N’oubliez jamais que vous vous habillez pour fasciner les autres et non vous-même.

IV. — Tenez-vous l’esprit libre de toute violente émotion, à l’heure de votre toilette. Une sérénité philosophique est tout-à-fait indispensable au succès. Helvétius dit, avec raison, que nos erreurs viennent de nos passions.

V. — Rappelez-vous qu’il n’y a que ceux dont le courage ne peut être mis en question qui puissent se risquer à prendre des airs efféminés. Ce n’était que sur le champ de bataille que les Spartiates se couvraient de parfums et se frisaient les cheveux.

VI. — Ne laissez jamais croire que votre chaîne ou vos bagues aient été choisies à votre propre goût ; ces choses-là sont du domaine des femmes et l’on ne doit paraître les porter que pour elles. C’est ennoblir la fatuité que de la couvrir d’un sentiment.

VII. — Pour gagner l’affection de votre maîtresse, mon-