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montraient avec une perruque à rouleaux et une queue de rat. Van Dyck, en cela, s’est montré un plus grand philosophe que Hume.

XIV. — Ce qu’il y a de plus gracieux dans l’art de la toilette, c’est la propreté ; ce qu’il y a de plus vulgaire, c’est la symétrie.

XV. — La toilette embrasse les deux codes de la moralité publique et privée ; le soin, comme devoir envers les autres, la propreté, comme devoir envers nous-mêmes.

XVI. — Soyez habillé de telle façon qu’on ne soit jamais tenté de dire de vous : « Quel homme bien mis ! » mais : « Comme il a l’air distingué ! »

XVII. — Soyez sobre de couleurs, et ayez soin d’adoucir les tons trop éclatants par une teinte plus paisible, qui fera le fond de toutes les autres. Apelles ne se servait que de quatre couleurs et ne manquait jamais de mitiger par un vernis plus foncé celles qui lui paraissaient trop éclatantes.

XVIII. — Il n’y a rien d’insignifiant pour un observateur profond. C’est dans les bagatelles que l’esprit se trahit. « Quels sont les endroits de cette lettre, disait un roi à l’un de nos diplomates les plus habiles d’aujourd’hui, où vous voyez percer l’irrésolution ?

— Sire, répondit-il, c’est dans les ns et dans les gs ! »

XIX. — Un homme bienveillant évitera de choquer jamais les sentiments des autres, par un excès, soit de négligence soit de prétentions ; vous pouvez, d’après cela, mettre en doute la philanthropie, et d’un homme négligé et d’un homme trop recherché dans sa toilette.

XX. — Des bas qui tombent sur les talons montrent qu’on ne tient pas à plaire, mais une bague de diamants peut être un signe de malveillance.

XXI. — Les inventions, en matière de toilette, doivent être comme les perfectionnements du style, qu’Addison définit ainsi : « des raffinements naturels, mais dont il ne faut pas qu’on s’aperçoive. »

XXII. — Celui qui aime les frivolités elles-mêmes, est un homme frivole. Celui qui ne les estime que pour les conclusions qu’on en peut déduire, ou les avantages qu’on en peut retirer, est un philosophe.