Page:Bulwer-Lytton - Pelham, 1874, tome I.djvu/228

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de meilleur passeport pour la célébrité. — Seymour, mon habit ! Je suis à vos ordres, Pelham. Vous voyez bien qu’on peut s’habiller convenablement en peu de temps.

— « On », je ne dis pas ; mais tout le monde, non. »

Je remarquai que Glanville était en grand deuil, et je pensai, d’après cette circonstance et le titre que je lui avais entendu donner d’abord, que son père venait de mourir. Je dus bientôt renoncer à cette explication. Il y avait plusieurs années qu’il avait perdu son père. Glanville me parla de sa famille : « Pour ce qui est de ma mère, dit-il, je désire particulièrement vous présenter à elle ; je ne vous dirai rien de ma sœur ; je crois qu’elle vous surprendra. Je l’aime plus que tout au monde, maintenant, » et en disant cela, il pâlit.

Nous étions dans le parc ; lady Roseville passa près de nous, nous la saluâmes tous les deux. Je fus frappé de la soudaine rougeur qui se montra sur son visage lorsqu’elle nous rendit notre salut. Ce ne peut pas être pour moi, me dis-je. Je regardai Glanville, sa figure avait repris toute sa sérénité, et ses traits étaient revenus à leur expression habituelle de calme, fier, mais non pas déplaisant.

« Vous connaissez lady Roseville ? lui dis-je.

— Beaucoup, » me répondit-il laconiquement et il changea de sujet de conversation. Comme nous allions sortir du parc par la porte de Cumberland, nous fûmes arrêtés par un embarras de voitures ; une voix forte, rude et d’un accent vulgaire appela Glanville par son nom, je me retournai et vis Thornton.

« Au nom du ciel, Pelham, avançons ! » me cria Glanville, sauvez-moi une bonne fois de cet atroce plébéien.

Thornton s’avançait sur la chaussée pour nous rejoindre, je lui fis de la main un salut assez civil (car je ne froisse jamais personne) et je sortis rapidement par l’autre porte sans avoir l’air de remarquer qu’il eût envie de nous parler.

« Dieu soit loué ! » me dit Glanville, et il tomba dans une rêverie dont je ne pus le distraire que lorsque je le déposai à sa porte.

En rentrant chez Mivart, je trouvai la carte de lord Dawton et une lettre de ma mère ainsi conçue :