Page:Bulwer-Lytton - Pelham, 1874, tome I.djvu/238

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couplés, qui avaient mis habit bas, quel a été le vainqueur ?

— Oh ! ce n’est pas encore décidé, » lui répondit-on et aussitôt, le plus grand des deux porta à l’autre un coup de poing, à main gantée, qui aurait terrassé Ulysse lui-même. Or Ulysse, si j’ai bonne mémoire, n’y allait pas de main morte à ce jeu-là.

Ce léger avertissement fut le prélude un peu brusque d’un assaut dont les péripéties furent suivies avec attention par les assistants rangés en cercle ; je ne témoignai pas moins d’ardeur ni moins d’intérêt que les autres à cette lutte, cachant sous ma mine courageuse, ce qui est arrivé à bien d’autres en pareil cas, une disposition très-marquée à la peur.

Lorsque l’assaut qui se termina à l’avantage du plus petit des deux champions fut fini, Dartmore me dit : « Allons, Pelham, boxez avec moi.

— Vous êtes trop bon, lui répondis-je, en employant pour la première fois ce ton traînant que j’affectais dans les salons. Je vis un sourire et un clignement d’œil courir dans l’assistance.

— Eh bien ! alors, voulez-vous tirer avec Staunton ou faire un assaut de canne avec moi ? me dit le comte de Carlton, un petit monstre, aussi impudent que mal bâti.

— Oh ! lui répondis-je, je sais à peine manier un fleuret et encore moins me servir d’une canne, mais je serai heureux d’échanger un coup de canne ou deux avec lord Carlton.

— Non, non, dit cet excellent Dartmore, non, Carlton est le meilleur tireur de canne que j’aie jamais vu, » et il ajouta en parlant bas : « D’ailleurs il tape dur et n’épargne pas son adversaire.

— En vérité ! répondis-je à haute voix et de mon air le plus affecté, c’est grand dommage car je suis excessivement délicat, mais comme j’ai promis de me mesurer avec lui, je n’aime pas à me dédire. Voulez-vous permettre que je regarde la poignée ? l’osier tient bien, j’espère, car je ne voudrais pas avoir les doigts ratissés pour tout au monde. À présent, à la besogne. Je ne suis pas du tout à mon aise,