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CHAPITRE LV


J’employai les deux ou trois jours qui suivirent, à visiter tous mes amis de la chambre des Communes et à les inviter à un dîner préparatoire au grand acte du vote sur la motion***. Je les conduisis moi-même jusqu’à la chambre, et là, ne me croyant pas assez directement intéressé dans la question pour assister en étranger là où j’aurais dû siéger comme acteur, j’allai attendre le résultat du vote à Brooks. Lord Gravelton, gros et fort gentilhomme, haut de six pieds, criait dans le café, et interpellait les garçons d’une voix de stentor. M***, l’auteur de***, lisait un courrier dans un coin, et lord Armadilleros, le premier et le plus haut personnage parmi les pairs d’Angleterre, se tenait les jambes en l’air, l’une d’un côté, l’autre de l’autre, à la cheminée du salon qu’il accaparait ainsi à son profit. Je m’assis en silence et me mis à regarder l’article Variétés de la Revue d’Édimbourg. Peu à peu la chambre se trouva pleine de monde ; on parlait de la motion qui se faisait à la chambre et l’on calculait à l’avance l’influence des discours et le nombre des votes.

À la fin, un membre important du parlement arriva ; on fit cercle autour de lui : « Je viens d’entendre, dit-il, le discours le plus extraordinaire, sous le rapport de l’imagination et du savoir, que j’aie jamais entendu.

— De Gaskell ? n’est-ce pas ? s’écria-t-on en masse.

— Non, dit M***. Gaskell n’a pas encore parlé, c’est d’un jeune homme qui vient d’être élu il y a peu de temps.