Page:Bulwer-Lytton - Pelham, 1874, tome I.djvu/29

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CHAPITRE VI


Suivant les renseignements qu’on m’avait donnés, la nouvelle route que je devais suivre était un peu plus longue, mais meilleure que celle que je prenais d’habitude. Elle devait me conduire à la maison, en traversant le cimetière que, par parenthèse, lord Vincent avait décrit dans son anecdote du mystérieux étranger. La nuit était claire, mais il faisait du vent ; une faible lumière filtrait à travers les nuages qui passaient rapidement devant la lune, alors dans son plein. Elle brillait à travers l’atmosphère glacée, de cet éclat froid et transparent particulier à nos hivers septentrionaux. Je marchai rapidement jusqu’au cimetière, malgré moi je m’arrêtai, et quelque défiance naturelle que j’eusse des idées romanesques, je me mis à considérer pendant quelques instants la beauté surprenante de la scène qui m’entourait. L’église était très-vieille, isolée, d’une teinte grise ; elle était du style gothique le plus ancien. Deux grands ifs noirs s’inclinaient de chaque côté sur des tombes qui, à en juger par leur taille, par leurs décorations, devaient être la dernière demeure de quelques ci-devant seigneurs du sol. À gauche, la terre était revêtue d’une touffe épaisse et luxuriante d’arbres verts, et devant ce taillis se dressait immense, nu, dépouillé, un chêne austère, véritable image de la désolation et de la ruine ; on voyait éparses çà et là quelques pierres tumulaires, pour la plupart cachées par de longues herbes grimpantes qui s’entrelaçaient tout autour ; — et, par-dessus tout, le ciel