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CHAPITRE X


Je ne perdis pas de temps pour présenter mes lettres d’introduction, et je ne tardai pas à recevoir en échange des invitations pour des bals et des dîners. Paris regorgeait d’Anglais d’un meilleur acabit que ceux qui viennent d’habitude faire déborder ce réservoir du monde. Ma première invitation était pour un dîner chez lord et lady Bennington. Ils étaient du petit nombre d’Anglais reçus dans l’intimité des meilleures maisons de Paris.

En entrant à Paris j’avais résolu d’adopter un caractère ; car j’ai toujours été ambitieux par nature, et jaloux de me distinguer du reste du monde. Après avoir longtemps pensé au personnage que je jouerais, j’imaginai que rien ne serait mieux fait pour déplaire aux hommes et conséquemment pour plaire aux femmes, que de jouer le rôle d’un fat achevé. En conséquence, je me mis à porter les cheveux bouclés, j’eus soin de me vêtir tout bonnement avec une simplicité singulière (une personne du commun eût justement fait le contraire) et, affectant un air langoureux à l’excès, je me présentai pour mes débuts chez lord Bennington. La société était peu nombreuse et se composait par parties égales de Français et d’Anglais ; les premiers étaient tous d’anciens émigrés et l’on ne parlait qu’anglais pendant presque tout le temps.

Je fus placé à dîner, à côté de miss Paulding, jeune personne d’un certain âge, assez connue à Paris, très-élégante, causant beaucoup et enchantée d’elle-même. Elle avait