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CHAPITRE XV


Il y avait réception chez M. de V. Vincent et moi étions les seuls Anglais invités. Comme l’hôtel de V. est dans la même rue que mon hôtel nous dînâmes ensemble chez moi, et nous nous rendîmes de là au ministère.

La société était raide et guindée comme elle l’est invariablement dans les réunions de ce genre. Aussi nous fûmes enchantés d’apercevoir M. d’A., connu pour son talent de la conversation et l’une des célébrités du moment comme écrivain ultra. Autour de lui s’étaient groupées plusieurs personnes dans un coin du salon.

Profitant de ce que nous connaissions cet aimable Français, nous nous joignîmes à ce petit groupe ; la conversation ne roulait que sur des sujets littéraires. Comme on faisait allusion à l’Histoire de la littérature par Schlegel et à la sévérité de ses jugements sur Helvétius et les philosophes de son école, nous en vînmes à discuter le mal qu’avaient pu faire les libres penseurs en philosophie.

« Pour ma part, dit Vincent, je ne puis pas deviner pourquoi dans des livres où il y a beaucoup de vérités et peu d’erreurs, beaucoup de bien et peu de mal, nous sommes portés à ne voir que le mal et l’erreur, à l’exclusion absolue des choses bonnes et vraies. Tous les hommes dont l’esprit est assez laborieux et assez pénétrant pour se plaire dans la lecture des recherches métaphysiques, sauront bien trier la paille du grain et l’erreur de la vérité. Ce sont les jeunes gens, les personnes légères et superficielles