Page:Bulwer-Lytton - Pelham, 1874, tome I.djvu/83

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CHAPITRE XVIII


Un matin que j’allais à cheval au bois de Boulogne, pour y rencontrer madame d’Anville, je vis une amazone qui était en danger d’être jetée à terre. Son cheval avait eu peur d’un équipage anglais conduit en tandem ou de l’homme qui était sur le siège, et se cabrait violemment ; il était évident que la dame avait grand’peur et qu’elle perdait de plus en plus sa présence d’esprit. Un homme qui l’accompagnait et qui avait peine à contenir son propre cheval, semblait avoir la meilleure volonté du monde d’aller à son secours, sans y parvenir. Une foule de bavards regardaient sans bouger de place en disant : « Mon Dieu ! quel danger ! »

J’ai toujours eu une grande répugnance à me mettre en scène et à faire de l’héroïsme, et une plus grande antipathie encore pour les femmes en détresse ! Cependant, l’effet de la sympathie est tel chez le plus endurci d’entre nous, que je m’arrêtai un instant, d’abord pour regarder, ensuite pour porter secours. En effet il n’y avait plus un moment à perdre. Je sautai à bas de mon cheval, je saisis le sien d’une main par les rênes qu’elle n’avait plus la force de retenir, et de l’autre je l’aidai à descendre. Quand tout danger fut passé, le monsieur qui l’accompagnait parvint à mettre pied à terre, et je ne fus plus, je l’avoue, surpris du peu d’empressement qu’il avait montré, quand je sus que la dame en danger était sa femme. Il me prodigua ses remercîments et elle les souligna, pour ainsi dire, par le