Page:Bulwer-Lytton - Pelham, 1874 tome II.djvu/126

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

souvenir des absents. M. V*** a dit hier à un dîner auquel j’étais présente, que lord Dawton lui a promis le bourg de ***. Or vous savez, mon cher Henri, que c’est justement celui qu’il vous a promis à vous-même, faites-y attention. Lord Dawton est une assez bonne pâte d’homme, mais il a refusé une fois de se battre en duel ; or s’il a négligé son honneur dans une circonstance, il peut le négliger dans une autre : à tout, événement, vous n’avez pas de temps à perdre.

« Le jeune duc de *** donne un bal demain soir : c’est mistress *** qui paye toute la dépense, et je sais avec certitude qu’elle l’épousera dans une semaine ; ceci est un secret encore. La société sera bien mêlée, mais le bal mérite qu’on y aille. J’ai un billet pour vous.

« Lady Huffemail et moi, nous pensons que nous ne patronnerons pas la nouvelle duchesse, mais nous ne sommes pas encore décidées. Lady Roseville, cependant, parle avec un grand respect du mariage projeté, et dit que puisque nous admettons la convenance comme règle principale dans un mariage, elle ne se souvient pas d’un exemple où on en ait tenu plus de compte que dans celui-ci.

« Il doit y avoir plusieurs promotions dans la noblesse. Les amis de lord *** font exprès courir le bruit qu’il obtiendra un titre de duc ; mais j’en doute. Cependant, il l’a bien mérité ; car non-seulement il donne les meilleurs dîners de la ville, mais aussi les meilleurs comptes-rendus de ces dîners dans le Morning Post le lendemain ; voilà ce qui s’appelle, ou je ne m’y connais pas, soutenir comme il faut la dignité de notre ordre.

« J’espère très-ardemment que, dans votre retraite à la campagne, vous ne négligez pas votre santé, ni, permettez-moi d’ajouter, votre esprit, et que vous trouvez l’occasion tous les deux jours de cultiver la valse, ce que vous pouvez très-bien faire avec le secours d’un fauteuil. Je vous enverrais, si je ne vous attendais pas sitôt ici, les Réminiscences musicales de lord Mount E… ; non-seulement parce que c’est un livre très-amusant, mais aussi parce que je désire que vous donniez à la musique plus d’attention que vous ne paraissez disposé à le faire. B****