Page:Bulwer-Lytton - Pelham, 1874 tome II.djvu/136

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— Cet ami, reprit lady Roseville d’une voix hésitante et en rougissant, c’était sir Réginald Glanville.

— Quoi ! m’écriai-je, répétez-moi le nom ou… je m’arrêtai et me remis. Sir Réginald Glanville, repris-je avec hauteur, est beaucoup trop gracieux de s’occuper de mes affaires. Il faut que je sois étrangement changé si j’ai besoin du zèle officieux de personne pour me servir de redresseur de torts.

— Non, M. Pelham, se hâta de dire la comtesse, vous êtes injuste envers Glanville, envers vous-même. Quant à lui, il ne se passe pas un jour qu’il ne fasse mention de vous avec les plus grands éloges et la considération la plus affectueuse. Il disait dernièrement que vous avez changé à son égard, mais qu’il n’est pas surpris de ce changement ; quant à la cause il n’en parle jamais. Si ce n’est pas trop d’indiscrétion souffrez que je m’en enquière ; peut-être (oh ! combien cela me rendrait heureuse) me serait-il possible de vous réconcilier. Si vous connaissiez, si seulement vous pouviez deviner la moitié du caractère noble et élevé de Réginald Glanville, vous ne permettriez pas à de légers différends de vous séparer.

— Ce ne sont pas de légers différends, lui dis-je en me levant, et il ne m’est pas permis d’en faire connaître la cause. Cependant, Dieu vous bénisse, très-chère lady Roseville, et préserve ce bon et généreux cœur de pires assauts que ceux de l’ambition désappointée ou de la confiance trahie. »

Lady Roseville tenait ses yeux fixés à terre, son sein se soulevait avec violence, elle avait compris le sens de mes paroles. Je la quittai pour retourner chez moi.