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vant de l’accomplissement de cette promesse. L’espoir aussi, ce flatteur décevant, trop souvent l’antithèse de la raison, m’insinuait tout bas que ce n’était pas là l’assurance d’un coupable. Cependant il avait dit à lady Roseville, qu’il ne s’étonnait pas que je me fusse éloigné de lui. N’étaient-ce pas là des paroles qui ne semblaient pas admettre une interprétation aussi favorable que celles qu’il m’avait adressées à moi-même ? De plus, en faisant cette réflexion à part moi, une autre encore, d’une nature moins flatteuse pour le désintéressement de Glanville, se présentait d’elle-même. Son intervention en ma faveur auprès de lord Dawton ne pouvait-elle pas être dictée plutôt par une bonne politique, que par l’amitié ? ne pouvait-il pas se dire, si, comme je l’imaginais, il était instruit de mes soupçons et en reconnaissait la terrible justesse, qu’il ferait bien de mériter au moins mon silence ? Telles étaient les pensées qui venaient m’assaillir en foule, et laissaient mon âme se débattre dans le doute.

Mes réflexions ne me faisaient pas non plus illusion sur la nature de l’affection de lady Roseville pour Glanville. À en juger par l’apparente froideur et l’austérité prétendue de sir Réginald, il était vraisemblable que cette affection était innocente, au moins dans le fait. Il y avait même quelque chose de candide dans la manière dont elle paraissait se glorifier de son attachement plutôt que s’en cacher. Il est vrai qu’elle n’était retenue par aucun lien, elle n’avait ni mari ni enfants dont l’oubli pût rendre son amour criminel. Libre et sans empêchement, si elle avait donné son cœur à Glanville, il lui était toujours facile de rendre ce don légitime et éternel par les bénédictions de l’Église.

Hélas ! renfermée comme elle l’est, dans le cercle étroit et limité de ses devoirs, combien la femme connaît peu de chose de la vie errante et des actions variées de son amant ? Lady Roseville, par exemple, lorsque dans la chaleur de son enthousiasme, elle parlait du caractère élevé et généreux de Glanville, ne se doutait guère de l’infâme et lâche forfait dont il était plus que soupçonné. Pendant que son plus ardent désir était peut-être de s’allier à la destinée de