Page:Bulwer-Lytton - Pelham, 1874 tome II.djvu/152

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comme alors votre bonne opinion et votre estime. Si vous demandez quelque explication qui dépende de moi, elle vous sera donnée. Mes jours touchent à leur fin. J’ai réglé mes comptes avec les autres, je voudrais faire de même avec vous. Je confesse que je souhaiterais ardemment laisser après moi dans votre cœur le même souvenir d’affection que j’aurais pu réclamer jadis ; quels que soient vos soupçons, je n’ai rien fait pour la perdre. J’ai, d’ailleurs, un intérêt plus cher que le mien encore à consulter dans ce souhait que je vous exprime. Vous rougissez, Pelham, vous savez à qui je veux faire allusion ; pour l’amour de ma sœur, si ce n’est pour moi, vous m’entendrez. »

Glanville s’arrêta un moment. Je levai le mouchoir de dessus la miniature que je poussai vers lui : « Reconnaissez-vous cela ? » lui dis-je tout bas.

Avec un cri sauvage qui vibra dans mon cœur, Glanville se précipita pour saisir le portrait. Il le regarda ardemment et profondément et ses joues s’enflammèrent, ses yeux étincelèrent, sa poitrine se souleva. Le moment d’après il se renversa sur son siège, dans un de ces demi-évanouissements auxquels chaque émotion soudaine et violente soumettait ses nerfs épuisés.

Avant que j’eusse pu venir à son aide, il était remis. Il me regarda d’un air égaré et courroucé. « Parlez, s’écria-t-il, parlez ; où avez-vous eu cela ? par pitié, répondez ?

— Rentrez en vous-même, lui dis-je sévèrement. J’ai trouvé ce témoignage de votre présence sur le lieu où Tyrrell a été assassiné.

— C’est vrai, c’est vrai, » dit Glanville lentement et d’un ton distrait et concentré. Il s’arrêta brusquement, et se couvrit le visage de ses mains ; puis, sortant de cette attitude par un mouvement soudain :

« Dites-moi, demanda-t-il avec un accent étouffé et triomphant, n’était-il pas… n’était-il pas rouge du sang de l’homme assassiné ?

— Misérable ! m’écriai-je, vous glorifiez-vous de votre crime ?

— Arrêtez ! dit Glanville se levant. Et prenant tout à coup un ton de hauteur. Ce n’est pas vos accusations que