Page:Bulwer-Lytton - Pelham, 1874 tome II.djvu/153

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je dois écouter en ce moment. Si vous êtes toujours désireux d’en peser la justice avant de les juger une bonne fois, je vous en fournirai l’occasion : je serai chez moi à dix heures ce soir ; venez me trouver et vous saurez tout. À présent la vue de cette peinture m’a ôté mes forces. Vous verrai-je ? »

Toute ma réponse se borna à l’expression rapide de mon assentiment ; et Glanville quitta aussitôt la chambre.

Pendant toute la durée de ce jour, mon esprit fut tourmenté par un état d’excitation fiévreuse tout à fait extraordinaire. Je ne pouvais rester un seul instant à la même place : mon pouls battait avec l’irrégularité du délire. La dernière heure je plaçai ma montre devant moi et je tins constamment mes yeux fixés dessus. Ce n’était pas seulement la confession de Glanville que j’avais à entendre ; mon propre destin, mon union future avec Hélène reposaient sur l’histoire de cette nuit. Pour moi, quand je rappelais à mon esprit la vivacité avec laquelle Glanville avait reconnu ce portrait et la lenteur, presque la répugnance avec laquelle il s’était souvenu du lieu où il avait été trouvé, je ne pouvais permettre à mon esprit, si confiant qu’il pût être, de conserver le moindre espoir.

Quelques minutes avant dix heures je me rendis à la maison de Glanville. Il était seul. La peinture était devant lui.

Je tirai ma chaise près de la sienne en silence, et levant accidentellement les yeux, je rencontrai le miroir qui se trouvait en face. Je tressaillis à la vue de mon propre visage ; la vivacité de l’intérêt que je m’attendais à trouver dans ces explications l’avait rendu plus pâle encore que celui de mon compagnon.

Il y eut une pause de quelques moments ; après quoi Glanville commença ainsi.