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CHAPITRE LXXIV


HISTOIRE DE SIR RÉGINALD GLANVILLE


« Vous vous rappelez mon caractère en pension, la difficulté que vous aviez à me tirer de l’isolement visionnaire et distrait qui, même à cette époque, était plus conforme à mes goûts que tous les plaisirs et toutes les sociétés recherchés par les autres enfants. Vous vous rappelez la joie profonde, et pour vous inexplicable, avec laquelle je retournais à mes rêveries et à ma solitude. Ce caractère est demeuré le même dans la vie ; les circonstances, loin de l’altérer, lui ont donné de la force. Il en a été de même pour vous ; votre caractère, vos habitudes, vos goûts, qui contrastaient si fort avec les miens dans l’enfance, n’ont rien perdu de ce qui fait ce contraste. Votre ardeur pour les diverses ambitions de la vie est encore l’antipode de mon indifférence : votre résolution hardie, infatigable, réfléchie dans la poursuite de votre but fait honte encore à mon indolence et à mon esprit rêveur. Vous êtes encore le disciple du monde, en attendant que vous deveniez son maître ; moi je suis son fugitif et je mourrai sa victime.

« Après notre séparation au sortir du collège, j’allai passer quelque temps chez mon tuteur dans le comté de***. Je fus bientôt las de cet endroit ; et la mort de mon père me rendant en grande partie mon maître, je ne perdis pas de temps pour le quitter. J’étais pris de cette manie de voyages assez commune à toutes les personnes de